Attaque à Ouagadougou: les djihadistes ont frappé le coeur de la capitale

Article : Attaque à Ouagadougou: les djihadistes ont frappé le coeur de la capitale
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17 janvier 2016

Attaque à Ouagadougou: les djihadistes ont frappé le coeur de la capitale

On savait qu’ils pouvaient frapper un jour. Ils l’ont fait. Ils ont touché un point symbolique de la capitale burkinabè : l’avenue Kwame N’Krhumah et, précisément, le Splendid Hôtel et le café Cappuccino. Les djihadistes de Al-Mourabitoune n’ont pas frappé au hasard et surtout, ils ont fait mal. Très mal.

Splendid Hôtel Ouagadougou

Cela n’arrive pas qu’aux autres. Après le Mali, où les attaques djihadistes sont quasi quotidiennes dans le nord du pays, le Burkina Faso vient de vivre son attaque terroriste la plus sanglante (après l’enlèvement, dans la province de l’Oudalan, d’un Roumain en avril 2015, l’attaque de la gendarmerie d’Oursi en août 2015 mais aussi celle de Samarogouan dans l’ouest du Burkina, en octobre de la même année). Aux environs de 19 heures, les premiers tirs ont été entendus. Quatre assaillants, habillés de noirs et cagoulés (enturbannés selon certains), ouvrent le feu le vendredi 15 janvier 2016 au Cappuccino, situé sur l’avenue Kwame N’Krumah.

Après cette première attaque du Cappuccino, les assaillants s’intéressent à l’hôtel Splendid, le plus grand de la place, situé juste en face du Cappuccino. Dans leur prise d’otages, ils abattent tous ceux qui tentent de s’échapper de l’hôtel et brûlent les véhiculent stationnés autour de l’hôtel. L’objectif, sûrement, est de dissuader et retarder toute intervention des forces de défense et de sécurité, ou toute personne qui tenterait de secourir les otages.

Video d’une dame qui a vécu l’enfer.#MMMV Posté par Mokonzi Dread sur samedi 16 janvier 2016

Des témoins présents sur place rapportent qu’une heure après, la riposte des forces de défense et de sécurité burkinabè s’est organisée. Les échanges de tirs emportent deux gendarmes burkinabè et un civil, à l’extérieur de l’hôtel. La riposte s’organise avec le renfort des forces françaises et américaines. Aux environs de 2 heures du matin, les otages sont libérés grâce au courage et à la bravoure de ces hommes.

Pourquoi l’avenue Kwamé N’Khruma

Comme d’habitude, les djihadistes n’ont pas choisi leur cible au hasard. L’avenue Kwamé N’Krumah est considérée comme « la plus belle avenue de Ouagadougou ». C’est dans cette zone que se trouve la plupart des compagnies aériennes, des hôtels, des restaurants, des entreprises et des sièges d’institutions internationales. Une grande partie des cérémonies, comme les conférences et les séminaires, s’y tiennent. Cette avenue est aussi le symbole de la bourgeoise. Elle est également connue pour ses fleurs de bitume de luxe.

Le grand marché de Ouagadougou, Rood Wooko, se trouve à moins de 500 mètres de cette avenue. L’avenue est également à moins de 15 minutes d’une porte d’entrée au Burkina, l’aéroport international de Ouagadougou. C’est aussi là que se trouve le palais de justice de Ouagadougou et le commissariat central de la capitale burkinabè. Kwame N’Krumah, comme l’ont déjà relayé les médias, est une avenue fréquentée par de grandes personnalités du pays mais aussi des Européens, principales cibles des djihadistes. En frappant cette avenue, les terroristes étaient sûrs d’attirer l’attention de la communauté internationale et de gagner la campagne de communication qui va avec. L’avenue Kwame N’Krumah est le cœur même de la capitale burkinabè.

Une attaque trop facile

 Un premier reproche : l’arrivée tardive des forces de sécurité burkinabè sur les lieux. Ce n’est qu’une heure après le début des fusillades que les forces de sécurité burkinabè sont intervenues, selon les témoins. Les terroristes, « presque des enfants » ont donc contrôlé la zone pendant tout ce temps, faisant ainsi un maximum de victimes. Par ailleurs, cela n’a pas permis de sauver ceux qui ont été asphyxiés par la fumée. Cela montre bien que les autorités burkinabè n’ont pas vraiment eu le sentiment qu’une attaque terroriste d’une telle ampleur était en cours à Ouagadougou.

Depuis l’attaque de Samarogouan, l’on a dénoncé la promiscuité et le dénuement total des forces de sécurité burkinabè qui face aux bandits n’ont pour arme que leur courage. Un meilleur équipement n’aurait peut-être pas pu éviter cet attentat, mais cela aurait peut-être permis une intervention rapide et meilleure.

Comment comprendre que des individus de cet âge (moins de 30 ans, a priori), puissent traverser tout le pays, avec de telles armes, sans être inquiétés ? Cette attaque démontre une nouvelle fois que les forces de défense et de sécurité manquent cruellement de moyens. Si les militaires français et américains n’étaient pas venu en renfort de l’équipe burkinabè, la libération des otages n’aurait pas été aussi facile et d’autres auraient perdu la vie dans cet acte de terreur.

Le mal étant désormais fait, tout Burkinabè doit se sentir responsable de la sécurité du pays.

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