Les cd piratés et la fermeture des salles de ciné

8 février 2011

Les cd piratés et la fermeture des salles de ciné

Le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tient du 28 février au 5 mars 2011. Une occasion pour les cinéphiles africains de découvrir les meilleurs films du continent  ces deux dernières années. Si ce cinéma africain essaie de se retrouver petit à petit, force est de reconnaitre que cet élan est freiner par le phénomène de la piraterie.

Des cd piratés

Les salles de cinéma se ferment de plus en plus en Afrique. Ouagadougou, capitale du Burkina Faso n’y échappe pas. Le virus en partie responsable s’appelle « piraterie ». Au marché et dans les rues, les CD piratés ont envahi la ville considérée comme la capitale du cinéma africain. Avec un lecteur à 12.500 francs CFA, le CD ou le DVD piraté ne coute plus que 600 Francs CFA. En  prime cinq à  six films piratés sur le seul support. Dans un tel contexte, plus besoin d’aller dans les salles de cinéma pour visionner un film à 1000 francs CFA en plus du prix de l’essence pour la moto et le parking. Si les films de Hollywood étaient les plus concernés par la piraterie, les films africains n’échappent pas non plus. Sur le marché, ils se vendent comme de petits pains.  Les films lauréats de l’Etalon d’or de Yennenga, la distinction suprême au Fespaco, tels que Sarraounia de Med Hondo (1987), Tilaï de Idrissa Ouédraogo (1991), Au nom du Christ de Roger Gnoan M’Bala (1993) Guimba de Cheich Oumar Cissoko (1995), Pièces d’identité de Mweze Ngangura (1999), Ezra de Newton Aduaka (2007) se retrouvent à seulement 600 Francs CFA sur le marché. Tous ces films peuvent même être compilés sur un seul cd.

Même les séries télévisées et les sitcoms ne sont pas épargnés. Sur un seul cd, le consommateur peut se retrouver avec plus 40 épisodes. Ceux qui ont raté les Bobodiouf avec Suké et Sidiki ou Ma famille avec les acteurs tels que Michel Gohou, Michel Bohiri, Akissi Delta etc. se rattrapent souvent au marché. Le pire, des films sont vendus avant même leur diffusion dans les salles de cinéma ou à la télé.

Même le face à face Gbagbo-Ouattara n'a pas échappé aux pirates

Sur la question du piratage des œuvres, l’opinion reste divisée. Si beaucoup réclament des mesures draconiennes pour lutter contre la piraterie, d’autres pensent qu’on ne peut rien faire contre ce phénomène. Pour ces derniers acheter un cd piraté, c’est  permettre à de jeunes garçons d’avoir 600 francs CFA. Ils pensent également que la piraterie fait la promotion des réalisateurs. Ils soutiennent aussi que cela est une occasion pour les pauvres de voir les films qu’ils ne pourraient pas voir dans les salles.

Penser ainsi, c’est ignorer les conséquences de ce fléau. A Ouagadougou, presque chaque arrondissement à au moins une salle de ciné. Malheureusement, il n’y a que trois d’entre elles qui  fonctionnent régulièrement: le ciné Burkina, le ciné Nerwaya et le ciné Oubri. Pour les autres , il y a plus de concert que de films en projection. La piraterie tue le cinéma africain. Derrière les jeunes qui se promenèrent sous le soleil avec les cd, se cachent des sangsues. L’économie du pays prend également un coup.

Les mesures énergiques  d’il y a environs cinq ans n’ont pas donné de résultats. L’heure doit être à la réflexion pour trouver le plan idéal pour contrecarrer la piraterie et permettre aux artistes de récolter les fruits de leurs semences.

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Commentaires

Lalatiana Rahariniaina
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Les artistes luttent tant bien que mal à Madagascar contre le piratage de leurs œuvres. Les CD pirates se vendent vraiment comme des petits pains; les films, les séries, les clips étrangers et nationaux.
L'État a rendu obligatoire l'utilisation du hologramme pour lutter contre le piratage. Sinon, certains producteurs de films préfèrent ne pas vendre leurs films sur CD mais seulement les projeter en salle.
Comme tu le dis, le piratage est un petit business pour certains mais une perte pour les artistes. Et je ne sais même pas de quel côté je suis.