Kounkoufouanou, ce village burkinabè où les habitants sont des sdf
Installée depuis 1983, la population du village de Kounkoufouanou (situé à 70 km de Fada N’Gourma chef-lieu de la province du Gourma dans l’Est du Burkina)est désormais des sans domiciles fixes (SDF). Le village est situé sur l’axe Fada-Frontière du Bénin. Les habitants ont été déguerpis un beau matin de juin 2015. Ils ont fui leur localité laissant tout derrière eux. Aujourd’hui, ils demandent au gouvernement burkinabè de respecter leurs droits les plus élémentaires.
« Officiellement, on nous accusait d’occuper illégalement la zone pastorale de Kabongo. Et pourtant, on avait respecté la distance qui nous était imposée d’au moins 500 m pour les habitations et 1 km pour les champs. Ce jour là, les forces de l’ordre armées jusqu’aux dents ont mis à feu et à sac nos habitations. Beaucoup d’entre nous ont été tabassés dont des femmes et des enfants, arrêtés et conduits derrière les barreaux. Nos maisons ont été brûlées avec tout ce qui s’y trouvait », nous apprend Bernadette Koborini/Hanro mère éducatrice de l’école de Kounkoufouanou.
« Nous vivons dans la faim »
Elle poursuit son histoire : « Nos réserves alimentaires sont parties en fumée. L’unique école où nos enfants pouvaient recevoir l’éducation a été défenestrée et fermée laissant nos enfants dans la rue. L’accès de l’unique source d’eau, la fontaine du village, nous a été coupé. Le choc fut immense et ses répercussions psycho-sociales désastreuses pour toute la communauté. Depuis lors, nos conditions de vie ne cessent de se dégrader. Nous vivons la faim par manque de terre pour produire. Le manque d’eau portable nous expose à des maladies diarrhéiques graves ».
« La situation c’est désormais aggravé pour les ressortissants de cette localité. « Nous sommes reclus désormais dans des huttes de fortune et certains ont même perdu la vie dont une enfant à la suite de morsure de serpent. Quant à nos enfants, ils n’ont eu d’autres choix que d’abandonner l’école, compromettant ainsi leur avenir pour toujours », explique, indignée, Bernadette Koborini/Hanro.
Les habitants déguerpis de Kounkoufouanou veulent être dédommager
Deux ans sont passés. La population de Kounkoufouanou reste dans une situation précaire alors que l’Etat burkinabè n’a aucun droit de regard sur eux. Ils reconnaissent néanmoins avoir reçu des vivres (quelques sacs de mils, de l’huile, des biscuits). Mais tout cela est en deçà des préoccupations de ces populations à la recherche d’une terre où vivre, nourrir leurs enfants, les envoyés à l’école et les soigner.
C’est pourquoi, ils attendent du gouvernement burkinabè, des mesures urgentes pour leur permettre de subvenir à leurs besoins alimentaires. Ils souhaitent que le dossier de Kounkoufouanou soit rouvert pour résoudre clairement la question de la délimitation de la zone pastorale, de dédommager les membres de la communauté pour les pertes éprouvées lors du déguerpissement. Ils seraient plus de sept mille personnes à la recherche d’une terre où vivre.
Commentaires