Constitution du Burkina : l’avant-projet omet des questions importantes

Article : Constitution du Burkina : l’avant-projet omet des questions importantes
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24 janvier 2017

Constitution du Burkina : l’avant-projet omet des questions importantes

Mardi 10 janvier, la Commission constitutionnelle a publié l’avant-projet de la nouvelle Constitution du Burkina Faso pour passer à une cinquième République. Cet avant-projet de Constitution propose de nombreuses réformes positives, comme l’adoption d’un régime semi-présidentiel, la limitation du pouvoir du président. Mais il ne prend pas en compte les spécificités socioculturelles du pays et certains thèmes d’actualités. A mon avis, cet avant-projet de Constitution ressemble à une sanction contre l’élite politique actuelle.

 

La chefferie traditionnelle, mise de côté par la Commission constitutionnelle

En effet, la Commission constitutionnelle a omis  plusieurs considérations socio-politiques et des questions d’actualités qui ont fait l’objet de débats ces dernières années au Burkina. C’est le cas précisément de la question de la participation politique de la chefferie traditionnelle. Beaucoup de burkinabè pensent que les chefs traditionnels faussent le jeu politique.

Effectivement, leur influence sur certains sujets ne permet pas de faire des choix libres. Il arrive tout de même qu’ils soient désavoués par leurs sujets. Dans ce cas, de quelle autorité morale, un chef traditionnel peut-il relever si pour des questions politiques, il est l’objet de contestations ?

Néanmoins, les chefs coutumiers font de la politique même si l’actuelle constitution leur reconnait un statut moral. « La chefferie coutumière et traditionnelle en tant qu’autorité morale dépositaire des coutumes et des traditions dans notre société » dit l’avant-projet dans son préambule. Souvent des citoyens se plaignent des nombreuses sollicitations dont fait l’objet le Mogho Naba pour des question de médiations. Il y a plusieurs autres chefs traditionnels qui ont le même statut que le chef de Ouagadougou. Le mieux, c’est de définir un statut et des attributions clairs à ces derniers pour qu’ils puissent apporter une contribution au jeu politique et démocratique sans forcément occuper des places politiques. Et aussi, cela permettra d’éviter d’éventuels conflits.

Quid des risques liés à l’orientation sexuelle ?

En plus, la question de l’homosexualité a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps au Burkina Faso. La Commission constitutionnelle n’a pas évoqué le sujet pourtant crucial. Je me souviens bien qu’une marche a été organisée par des associations pour dénoncer des financements d’un projet en faveur des homosexuels. A Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina, certains ont été attaqués. Il faudrait bien oser et poser le débat. Il a fallu passer par des stratagèmes pour calmer la situation. Mais qu’en sera-t-il si des homosexuels venaient à être attaquer ? Je pense que la commission constitutionnelle a expressément occulté la question.

Concernant cette question relative à la famille, nous estimons que la Commission constitutionnelle aurait pu aller loin. Un exemple,  le cas du mariage au Burkina Faso. Pour se marier, un burkinabè est obligé de passer par le mariage traditionnel communément appelé Pog PouSoum (PPS), le mariage religieux et enfin le mariage civil à la marie. Je m’attendais au moins à ce que cette commission décide de légaliser aussi le mariage religieux et le mariage traditionnel pour réduire les dépenses mais aussi contribuer à une meilleure protection des femmes exploitées. Surtout celles qui vivent en concubinage. Nous parlerons de cette question dans un billet prochainement.

A mon avis, l’avant-projet de Constitution manque d’originalité. Il y a beaucoup d’autres sujets qui auraient pu faire l’objet d’explorations. Mais, elle permet au moins de renforcer le contrôle des actions des élus et prépare le renouvellement de la classe politique à travers la limitation des mandats.

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Commentaires

Ousmane DJIGUEMDÉ
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Mon frère, tu n'as rien compris. C'est une mauvaise constitution qu'on vous a préparé. Vas lire mon analyse sur la presse en ligne "Burkina Faso : Avant-projet de Constitution de la 5 ème République ou Constitution de la trahison ?"