Présidentielle au Burkina : les regards se tournent vers le Conseil constitutionnel
Le greffier du Conseil constitutionnel du Burkina Faso a reçu 22 candidatures pour le premier tour de l’élection présidentielle 2015 prévue pour le 11 octobre. L’enjeu pour les candidats est désormais de savoir si certains candidats de l’ex-majorité seront disqualifiés par le Conseil constitutionnel. Le verdict sera connu au plus tard le samedi 29 août 2015.
Le nouveau code électoral voté par le Conseil national de la transition au mois d’avril 2015 excluait tous ceux qui ont soutenu l’idée de la modification de l’article 37 de la Constitution. L’article 37 de la Constitution du 11 avril 2000 stipule que « le président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret » et qu’il est « rééligible une fois ». Les personnes visées sont principalement les ministres et les députés en plus de tous ceux qui ont approuvé ouvertement la modification de l’article en question.
Après l’échec d’un recours auprès du Conseil constitutionnel, l’ex-majorité avec le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de l’ancien président Compaoré, ont déposé un recours auprès de la Cour de justice de la Cédéao. Celle-ci a décidé estimé le lundi 13 juillet que « l’exclusion d’un certain nombre de formations politiques et de citoyens de la compétition électorale relève d’une discrimination difficilement justifiable en droit ». Elle considère qu’il s’agit d’une violation du droit de libre participation aux élections. Par conséquent, elle demande au gouvernement burkinabè « de lever les obstacles à une participation aux élections consécutifs à cette modification ». Ce qui de l’avis de l’ex-majorité leur ouvre à l’élection présidentielle 2015.
Si après cette décision l’ex-majorité crie « victoire » et voit en ce verdict une remise en cause de cet article du code électoral, les adversaires estiment également que le verdict de la Cour de la justice de l’instance sous-régionale est en leur faveur conformément à l’article 135 du code électoral et à l’article 25, alinéa 4 de la Charte africaine des élections et de la démocratie ratifiée par le Burkina Faso.
#LT Il faut attendre le 29 août pour savoir qu’on valide ou pas les listes. Que les gens fassent ou non des recours… avant la campagne #lwili #Burkina
— O. J. S. Dimitri (@jsdimi) 23 août 2015
Les regards sont désormais tournés vers le Conseil constitutionnel chargé de valider ou d’invalider les différentes candidatures. Au total, il a enregistré 22 dossiers de candidature. Des organisations de la société civile, des partis politiques remettent en cause notamment certaines candidatures comme celles d’Eddie Komboïgo, l’actuel président du CDP, parti créé par l’ancien président Compaoré en 1996. Autre personne visée, Gilbert Noël Ouédraogo de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA). député au moment de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui s’est finalement muée en coup d’État avec la prise du pouvoir par les militaires, Djibril Bassolé et Yacouba Ouédraogo ministres à l’époque, etc. Le président du Faso Michel Kafando avait, pour sa part, affirmé qu’il respecterait le verdict de la Cédéao. A noter que le patron du CDP, Eddie Constance Komboïgo et Me Gilbert Noël Ouédraogo sont aussi candidats à la députation.
#Burkina: Le Conseil constitutionnel dans un dilemme! Faut-il valider ou invalider les candidatures des « tripatouilleurs »? #Présidentielles
— Usman SAWADOGO (@Sawadogo07) August 21, 2015
Déjà, les différents partis, les organisations de la société civile (OSC) tentent d’influencer la décision du Conseil constitutionnel à travers des conférences de presse, déclarations dans les médias entre autres. Si certains affirment qu’ils respecteront la décision du Conseil constitutionnel, cela ne semble pas être le cas de tous. Le 22 août 2015, lors de son assemblée générale la coordination des élèves et étudiants du CDP a affirmé qu’elle va «se faire entendre » si une liste de leur parti venait à être invalidée. Et cela, même si elle exclut l’usage de la force.
L’interprétation du verdict est différente selon le camp dans lequel l’on se trouve. Toutefois, c’est au Conseil constitutionnel de trancher. Il faudrait qu’après cela, chaque camp respecte vraiment cette décision. Le comportement de chaque acteur pourrait constituer un tournant décisif dans l’histoire du Burkina Faso compte tenu de la vive tension qui règne en ce moment.
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