Traumatisé par le riz de Dakar à Ouaga

Article : Traumatisé par le riz de Dakar à Ouaga
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23 avril 2013

Traumatisé par le riz de Dakar à Ouaga

J’ai participé avec un plaisir incommensurable à la  formation 2013 de Mondoblog à Dakar. Cependant, il y a un fait qui m’a marqué que je ne suis pas prêt d’oublier : j’ai été traumatisé par le riz !

Le riz est le plat national du Sénégal
Le riz est le plat national du Sénégal

Je savais bien que le repas numéro 1 au Sénégal,  était le riz. Aux traditionnels ambassadeurs de ce pays que sont l’Ile de Gorée, Léopold Sedar Senghor, Cheich Anta Diop par exemple, il faut ajouter le « thiebou diem » le riz au poisson sénégalais qui a fait le tour de l’Afrique et même du monde. A midi, tous les Sénégalais ou presque mange ce céréale dit-on dans cette ville. C’est une tradition que même les Sénégalais vivant à l’extérieur respectent. J’avais hâte de manger ce plat qui a aussi fait la renommée du pays de la piquante et talentueuse Goumba Gawlo en matière de gastronomie. Je salivais déjà en m’imaginant avaler de grosses boules de riz et de voir fondre tendrement le poisson sous ma langue. Je m’étais fait à l’idée que le riz de Dakar était meilleur que celui de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso d’où je viens.

 

Le Riz m’attaque dès mon arrivée à Dakar…

 

Dès le premier jour à l’Espace Thialy où étaient logés les mondoblogueurs comme dans un rêve, mon vœu fut exaucé. C’était du riz. Mais du riz à la sauce arachide. Première déception. C’est le même repas que j’ai mangé à midi avant de quitter Ouagadougou. Ce n’est qu’un mauvais départ me dis-je. Cependant, je craignais que nous ne puissions plus goutter au « thieb » puisque nous n’avions qu’une semaine à passer au pays de la Teranga. « Erreur de gaou » comme dirait un Ivoirien. Le lendemain après notre visite de l’Ile de Gorée, le restaurateur nous a servis du riz. Un plat vraiment délicieux. J’aurai léché l’assiette s’il n’y avait pas du monde.

Le lendemain après une journée de formation, nous nous rendîmes à l’Université Cheich Anta Diop de Dakar pour le déjeuné. C’était encore bien fait. Je ne maitrise part des variantes de riz cuisiné à la sénégalaise mais je pense que c’est du « yassa ». Mais, cette joie allait être abrégée quand le soir venu, ce fut encore du riz à la sauce arachide qui nous fut servi. C’est vrai qu’on aime bien le riz mais de la à en manger pendant deux jours successivement à midi et le soir, cette situation devenait difficilement supportable. En plus, les jours se suivaient et se ressemblaient.

Mon binôme avec qui j’ai un peu tourné dans Dakar était par contre très heureux. Cela faisait près de deux mois qu’il n’avait pas mangé du riz. « Manger comme un africain, c’est très chère au Canada. Moi j’ai aimé le riz surtout à la sauce arachide ». Daye Diallo a passé huit ans au Canada et pour lui, retrouver ces mets africains dont il avait même oublié le goût, était un véritable régal. Je me rappelle même de la joie qui illuminait son visage quand il en parlait à sa mère au téléphone. Mais lui aussi va finir par se lasser.

… me poursuit dans l’avion…

Après une journée de formation, nous savions tous que nous allions manger du riz. Mais quel genre de riz ? Du riz jaune ? Rouge, Blanc, vert, brisé, au poisson au poulet à la sauce arachide, etc.? C’était la question qu’on se posait. Ce n’est pas que le repas n’était pas de qualité. Au contraire, il suffisait d’humer le fumet pour savoir que les plats avaient été composés par des mains de maîtres. Des gens qui connaissent le travail. Ils y avaient mis tout leur cœur et leur ardeur pour que soit vantées les qualités culinaires du Sénégal.

Je me demandais souvent si le riz ne poussera pas dans mon ventre à ce rythme là. Heureusement que c’est bien fait, bonjour le béribéri. D’ailleurs, j’ai fait quatre jours sans savoir à quoi servaient les toilettes. Constipation. J’ai même essayé tous les déodorants, mais l’odeur du riz me semblait me suivre partout.

Mes amis d’enfance, à ma place, diront que je fais le malin. Quand j’étais petit, ma mère nous imposait à mes frères et moi un régime pareil. Nous mangions le tô (que je détestais plus que tout), matin, midi, soir ! Pis, c’était presque la même sauce, matin, midi et soir ! Le riz, on avait la chance de le consommer que quatre fois dans l’année : Ramadan, Tabaski, Noël et Pâques. Mais quel riz ? Le riz à la sauce « rendez-vous en bas » parce qu’à part les deux ou trois morceaux de viande pour lesquels mes frères, mes cousins et moi devions nous battre il n’y avait que comme ingrédients quelques morceaux  d’oignons et de tomates. Nous pouvions même les compter !

…et me traumatise jusqu’ à Ouaga

 

 A la fin de a formation, j’étais pressé de rentrer. Pas que je n’ai pas aimé Dakar. Je ne voulais d’ailleurs pas laisser ces nouveaux amis que je m’étais fait. J’étais surtout pressé de retourner chez moi pour manger le… tô.

J’ai cru que j’aurai la chance de manger autre chose dans l’avion lorsqu’on annonça qu’un diner serait servi. A ma grande surprise, quand l’hôtesse de l’air me remis mon  le repas, c’était une fois de plus le riz. Je sais qu’elle se pose toujours des questions sur le regard assassin posé sur elle. Ce n’est pas grave. Je vais me rattraper à Ouaga. Mon oncle chez qui je devais rentrer cette nuit là aimait le tô. Il y en avait presque tous les jours. Lorsque je descendis de l’avion à minuit, j’avoue que je n’avais pas faim. Mais j’avais juste envie de manger autre que le riz. Alors, ma tante me proposa à manger. En ouvrant le plat, je faillis tomber. Du riz !

« J’ai fait quoi à Dieu ?» Pas grave. J’espérai me rattraper le lendemain. En m’achetant de l’attiéké du couscous ou autre chose. Après une semaine d’absence, je fis tout pour reprendre le service quelques heures après mon arrivée (l’avion avait atterrît vers minuit et je devais être au bureau à 7h30. A midi, nous mangeons là bas. Il y a au moins trois mets que la cuisinière propose chaque jour. Lorsqu’elle vint, je commandais du couscous. « Il n’y en a pas. Il ne reste que le riz » répondit la serveuse!

A partir de ce moment, j’ai décidé de ne plus me plaindre au point de commencer à philosopher. Il y a des gens autour de moi qui n’ont pas la chance de manger ne serait ce qu’une fois par jour. Moi j’en ai et je me plains. J’eus un peu honte de moi-même. Alors je rentrai chez moi et là, mon petit frère avait préparé du benga (haricot). Ouf les choses commencent à rentrer dans l’ordre. Mais ce traumatisme ne m’empêchera pas de repartir à Dakar si je suis à nouveau invite. Je n’étais pas le seul à me plaindre du riz mais tout le monde finissait son plat.

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Commentaires

Aurore
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c'était RIZiement bon et beau de lire ça ! Je t'avoue que j'ai pensé aussi que le riz allait commencer à pousser en moi (>_0). Mais comme tu le note, nous avons tous au moins une fois pesté sur le riz, mais les assiettes sont toujours reparties vides !

Boukari Ouédraogo
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Hahaha. Cette expérience nous permet d’en parler. Effectivement, c’est parce que c’était bien cuisine qu’on finissait nos plats.

Osman Jérôme
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Je te conseille vivement une RIZOTHERAPIE, sinon tu risques d'etre RIZOPHOBE. Lol

Boukari Ouédraogo
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Justement, j’en ai fini avec après un bout de temps sans en manger. J’espère que je ne vais pas regretter un jour parce que le riz me manque.