CAN 2019 : « Tous les gardiens ont le même niveau »
L’ancien gardien de buts des Étalons Mohamed Kaboré s’est prononcé sur le niveau des gardiens de but de la Coupe d’Afrique des nations. A 38 ans, avec deux CAN à son actif, il estime qu’aucun gardien n’émerge du lot pour le moment.
Boukari Ouédraogo (B.O) : Que peut-on dire du niveau des gardiens de but lorsqu’il vous jouiez encore?
Mohamed Kaboré (M.K) : Que ce soit en Europe ou en Afrique, dans les stages, les gardiens de but sont négligés. S’il y a un domaine sur lequel il faut miser, ce sont les gardiens de but sinon ils vont disparaître dans l’avenir. C’est difficile aujourd’hui d’avoir de bons gardiens. Quand les enfants arrivent, personne ne veut être un gardien. Tout le monde veut être attaquant. Il faut savoir équilibrer car le football se joue à onze. Avec un gardien moyen, on peut avoir une très bonne équipe. Avec un très bon gardien encore, on a super équipe. Tu ne peux pas aller loin dans une compétition sans un grand gardien. Aujourd’hui, le football l’exige.
Les bons gardiens tapent vite dans l’œil
B.O : De ce que vous avez vu de la CAN 2019, pour le moment, comment jugez-vous le niveau des gardiens de but?
M.K : Dans les grandes compétitions de football, quand il y a un gardien de but qui est au-dessus du lot, il est rapidement détecté. En réalité, dans cette CAN, il n’y en a pas. Quand je regarde, tous les gardiens ont le même niveau. Ce n’est pas comme du temps du gardien égyptien El Hadary. Lorsqu’il apparaît à l’époque, il est vite remarqué. En 1998, quand Ibrahim Diarra, le gardien du Burkina, est a fait son entrée, on l’a vite détecté. Il y a pas mal de gardiens que j’ai vu tout de suite émerger. Mais pour cette CAN 2019, il n’y en a pas un qui me vient à l’esprit… A part Onana, qui a disputé la Champions League jusqu’en finale. Mais finalement, quand on regarde ses performances actuelles, il n’est pas vraiment au-dessus du lot.
B.O : Est ce qu’il y a tout de même des gardiens qu’il faut suivre ?
M.K : Je n’ai pas eu la chance de regarder tous les matchs et tous les gardiens. Par exemple, le gardien malien Djigui Diarra, c’est un bon gardien. Le gardien égyptien, Mohamed El-Shennawy, est également bon. Pareil pour Onana, le gardien du Cameroun, je l’ai vu jouer. C’est quand même un bon gardien.
B.O : A part Kameni, Ondoa, Vincent Enyema, on ne voit pas les gardiens africains s’intégrer dans les championnats européens. Comment expliquez-vous cela ?
M.K : Avant Kameni, il y a eu les Jack Songo’o, les Thomas N’Kono même si je l’ai pas vu jouer, les Joseph Antoine Bell. Ils étaient tous très forts. Ils ont eu la chance d’être encadré dès leur plus jeune âge. Ça compte beaucoup. Moi-même, dans ma carrière, je n’ai pas eu la chance d’avoir des encadreurs dans mon enfance. J’ai juste aimé la chose. Quand on était jeunes, on a vu de grands gardiens burkinabè, on a voulu leur ressembler. On a travaillé avec les moyens du bord pour arriver à un certain niveau, et on s’est fait une place sur le plan africain. Tout le monde n’a pas cette chance. Personne ne dira le contraire, les gardiens sont négligés. Pour avoir un bon contrat pour les gardiens en Afrique, il faut avoir de la chance.
Tout passe par la formation
B.O : Vous estimez que les gardiens sont négligés. Que faut-il faire alors ?
M.K : C’est la formation. Il faut former des gens qui ont envie. Ce n’est pas parce que j’ai été un grand gardien que je peux former des jeunes gardiens. Il faut avoir l’art de transmettre ton savoir à quelqu’un d’autre. Tu peux être fort, être un grand joueur, mais tu n’as pas l’art de transmettre ce que tu as vécu. Il faut chercher des gens qui ont envie, qui ont la qualité, la capacité à transmettre leur savoir à une autre personne. Tout passe par la formation. Il faut toujours se former. Quand on forme, ça paye.
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