Les Burkinabè veulent des emplois décents

Article : Les Burkinabè veulent des emplois décents
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4 avril 2016

Les Burkinabè veulent des emplois décents

Le gouvernement burkinabè a décidé du recrutement de 4200 enseignants pour l’enseignement post-primaire pour les détenteurs d’un diplôme de BAC+2. En plus de cela, conformément au programme du nouveau Président Roch Marc Christian Kaboré il a aussi décidé de recruter des 16 mille Agents de Santé à base communautaire (ASBC) pour les campagnes du Burkina Faso. Ce plan devrait offrir des emplois aux Burkinabè.

Les Burkinabè attendent du Président Kaboré des mesures fortes pour lutter contre le chômage
Les Burkinabè attendent du Président Kaboré des mesures fortes pour lutter contre le chômage

Ce programme lancé par le gouvernement burkinabè s’étale sur cinq ans et permettra pendant cette période de recruter 16800 enseignants contractuels. Ce programme part du constat du déficit en termes d’enseignants qui s’élève à 6399 enseignants selon les chiffres fournis par le gouvernement. Selon les statistiques 2010 de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), il ressort qu’il y a 68% des jeunes sortants de l’enseignement supérieur qui sont touchés par le chômage. 46 milliards de francs CFA seront donc investis pendant la durée de ce programme. Un plan inspiré d’un programme de recrutement d’enseignants en Tunisie.

Bonne idée. Très bonne idée même parce que cela peut contribuer à réduire un tant soit peu le chômage au Burkina Faso. Mais les conditions dans lesquelles seront logés ces enseignants et ces agents de santé communautaire de base ne sont  pas du tout enviables. Ces futurs enseignants issus du monde universitaire  seront payés à 100 mille francs CFA alors que la formation va durer seulement six mois. Pendant cette période, ces derniers auront des perdiems de 30 mille francs CFA. Ce n’est qu’après trois ans de service que ces enseignants recrutés sur mesures spéciales vont passer un concours de la fonction publique pour être intégrés finalement dans la fonction publique.

En réalité, ces mesures ne permettent pas de lutter efficacement contre le chômage et surtout la pauvreté au Burkina Faso. 100 mille francs CFA pour des titulaires d’un BAC+2 ne permet pas de vivre décemment quand on nous connait le prix du loyer qui flambe avec le développement des sites miniers, la cherté des produits de premières nécessités mais aussi les conditions difficiles dans lesquelles s’exerce le métier de l’enseignement au Burkina Faso. Nul doute que ce ne sera pas par passion pour ce métier que les candidats vont courir même juste parce qu’ils auront un petit quelque chose à la fin du mois. En plus de cela, l’Etat souligne qu’à n’importe quel moment, ces enseignants peuvent postuler à d’autres concours. Ce qui veut dire qu’à n’importe quel moment, un enseignant pourra abandonner ses élèves. L’on n’est pas sorti de l’auberge car il s’agit une solution temporaire et non pérenne!

Agents de santé communautaire, un projet mort-né

Le recrutement des agents de santé communautaire de base devra permettre selon le gouvernement de réduire la mortalité maternelle et infantile.  Les agents de santé communautaire de base devraient bénéficier d’une enveloppe mensuelle de 15 mille francs CFA de la part de l’Etat burkinabè et cinq mille francs CFA pour la contribution de leur municipalité même si pour l’année 2016, le gouvernement compte prendre en charge les contributions des mairies. Les candidats pour ce programme devraient être âgés entre 20 et 40 ans avec un niveau minimum de la classe du CM2.

Il faut aussi dire que 20 mille francs CFA pour des agents de santé communautaire de base est dérisoire et c’est le programme qui tombe à l’eau avant d’avoir commencé. Avec le développement des sites miniers, il sera difficile pour l’Etat de retenir les jeunes dans leur communautés puisque ce programme fonctionne sur du bénévolat. Il ne s’agit donc pas d’un moyen de lutte contre le chômage. 20 mille francs CFA, ne fusse qu’au village ne permettent pas de vivre décemment. C’est pourquoi, de tels agents préféreront s’engager dans les sites miniers où ils peuvent miroiter des millions en ne creusant le sol. Aussitôt un emploi trouvé, ces derniers n’hésiteront pas à déposer leurs petites caisses à pharmacie.

C’est pourquoi, l’Etat burkinabè doit plutôt mettre en place des programmes d’emplois qui permettent aux jeunes burkinabè de se prendre en charge et de nourrir leur famille à travers des programmes plus innovants et à long terme. Sinon, ces genres de programme seront mis en place mais n’auront pas une portée dans la lutte contre le chômage et la pauvreté au Burkina Faso.

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