Gouvernement burkinabè : Adama Sagnon, balayé du ministère de la culture

25 novembre 2014

Gouvernement burkinabè : Adama Sagnon, balayé du ministère de la culture

Après l’ex Président du Faso Blaise Compaoré contraint à la démission suite aux soulèvements populaires des 30 et 31 octobre 2014, les agents du ministère de la culture et du tourisme ont obtenu la démission du tout nouveau fraîche et ministre de la culture et du tourisme du gouvernement de transition Adama Sagnon. En 48 heures, celui qui s’est fait connaitre (et oublier) dans l’affaire Norbert Zongo s’est fait rattraper par son passé.

(photo Burkina 24)
(photo Burkina 24)

La nomination du directeur général du Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur (BBDA) Adama Sagnon a été mal reçue par les Burkinabè. Monsieur Adama Sagnon était le procureur du Faso en 2007 et avec Abdoulaye Barry, le procureur général lorsque la justice traitait le dossier Norbert Zongo. Ils ont décrété un non-lieu dans cette affaire pour manque de preuves. Ce qui a le plus choqué les Burkinabè en son temps, c’est l’arrogance avec laquelle, ce monsieur a traité la partie plaignante. Les Burkinabè n’ont pas oublié les résumés des conférences de presse pendant lesquels de façon acharnée Adama Sagnon défendaient l’absence de preuves alors que plusieurs pistes étaient bien en vue.

Par contre, lorsque François Compaoré a attrait le Journal l’Evènement pour diffamation, c’est encore Adama Sagnon qui a exigé trois mois d’emprisonnement contre Germain Bitiou Nama et Newton Ahmed Barry (proposé par la société civile pour le poste de Président de transition) et six mois de suspension du journal sur le même sujet : Norbert Zongo. N’est-ce pas lui qui a rejeté le rapport de la commission nationale d’enquête ? N’était-il pas mieux d’accepter ce rapport et ouvrir l’enquête au niveau de la justice ?

La partie civile exige un franc symbolique. Elle laisse la latitude au Tribunal de condamner et d’amender à sa guise les deux journalistes. A la fin du réquisitoire de la partie civile, une personne applaudit. Le public, comme un seul être, la cherche du regard. L’intéressé s’interrompt et ne se manifeste plus. Le ministère public, par la voix de Adama Sagnon, exige 3 mois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de Germain Bitiou Nama et de Newton Ahmed Barry et 6 mois de suspension du journal.
Le trio d’avocats de la défense demande la relaxe pure et simple de leurs clients. Les journalistes font leur métier. Ils écrivent pour informer. Leurs écrits ne sont nullement dans l’intention de nuire.
« La presse est libre quand elle chante les louanges du prince. Mais, elle devient diffamatoire quand elle s’intéresse à certains dossiers. Si dans l’affaire David Ouédraogo, on avait respecté la présomption d’innocence, on n’en serait pas là aujourd’hui. Tant que les hommes seront vivants, ils émettront leur pensée, leurs opinions », conclut Me Faraman
voir l’article.

«Nous connaissons l’homme, nous connaissons ses compétences. Il est Directeur général du BBDA, depuis un certain nombre d’années. Nous n’avons jamais appris que les artistes se plaignent de lui. Nous pensons qu’il fait du bon travail dans ce ministère ». Tels sont les propos du Lieutenant-Colonel Isaac Yacouba Zida lorsqu’il a été interrogé le lundi 24 novembre 2014 à sa sortie du premier conseil des ministres. Zida a montré ce jour-là, son ignorance sur la gestion du BBDA par Adama Sagnon. Il a été pris de contre-pied.

Adama Sagnon qui s'était fait oublié au BBDA s'est fait rattrapé par l'histoire en devenant ministre de la culture
Adama Sagnon qui s’était fait oublié au BBDA s’est fait rattrapé par l’histoire en devenant ministre de la culture

Depuis son arrivée au BBDA en remplacement de Balamine Ouattara, les artistes (j’en ai vu personnellement) ont défilé dans les stations de radio du Burkina pour se plaindre. Leurs œuvres étaient diffusées dans les radios et télévisions mais il n’y avait pas de traces au niveau du BBDA. Pourtant, chaque mois, des agents collectionnaient des fiches dans les différentes stations.

Avant de quitter la tête de l’Etat burkinabè, il a limogé le directeur général de Société Nationale Burkinabè de l’Electricité (SONABEL) sous prétexte qu’il a saboté la cérémonie de signature de la charte de transition. Ce fut plus tard au directeur de la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY) Jean Baptiste de la Salle Berehoudougou. Là, on attend toujours les raisons de ces décisions populistes.

Selon les rumeurs qui courent à Ouagadougou, ce monsieur qui vient de rentrer du Nigéria serait un camarade de classe du Lieutenant-colonel Isaac Zida depuis la classe de 5ème. En plus, ce monsieur serait un grand ami de François Compaoré. Certains évoquent des proximités familiales entre Adama Sagnon et la famille Compaoré. Au Burkina, il se raconte qu’au temps des Compaoré, il fallait être ami à François pour être un directeur général. Ainsi, Zida devrait d’ailleurs limoger tous les directeurs généraux.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la démission d’Adama Sagnon est une nouvelle victoire pour le peuple burkinabè. « Plus rien ne sera comme avant », a affirmé le Président Michel Kafando. Cette phrase est vraie, pas parce que c’est lui qui donnera l’exemple mais parce que les Burkinabè seront plus vigilants sur ce qui se passe dans leur pays.

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