Le « symbole », ce moyen de pression pour parler le français au primaire
Dans un pays comme le Burkina Faso où le taux d’analphabétisme est élevé, les enfants partent à l’école sans savoir parler le français au préalable. Pourtant, c’est dans cette langue qu’ils sont formés. Au Burkina, l’enseignant n’apprend pas seulement à lire et à écrire en français à l’enfant, mais il lui apprendre aussi à parler la langue. Pour cela, les méthodes ne sont pas toujours catholiques.

Dans mon école (primaire), à moins d’une centaine de kilomètres de Ouagadougou, les enseignants avaient le souci de faire parler le français aux élèves que ce soit en classe ou dans la cour de récréation. A la place de la chicotte, ils avaient trouvé comme moyen de pression le port du « symbole » à tout élève qui parlerait une langue locale en étant à l’école. Cette idée daterait même de l’époque coloniale. Ainsi, lorsqu’un élève parle une langue locale à l’école, il était puni.
Ce qu’on appelle symbole peut être le crâne d’un mouton, des pattes d’animaux, des os… un truc sale et dégoûtant en général. Ce symbole qu’il portait lui permettait d’être reconnaissable par tout le monde. Le porteur l’avait sur lui et rentrait avec pour le ramener le lendemain à l’école. Il le gardait tant qu’il ne trouvait personne d’autre à qui le passer.
Pour trouver une autre victime, il fallait donc jouer aux espions. Les porteurs du symbole épiaient donc les conversations de leurs amis et souvent des élèves des classes inférieures pour leur faire porter le symbole.
Si l’objectif est d’amener tous les enfants à parler couramment le français, il était plutôt un symbole d’humiliation pour eux. Certains élèves , choqués par les moqueries, ont préféré quitter l’école.
Cela se comprenait aisément puisque les élèves qui portaient le symbole étaient mis de côté. Ils ne pouvaient causer avec personne. Car chacun avait peur de faire parler une langue locale en présence de lui. Le symbole sentait mauvais et les porteurs aussi avec. Car les cranes de l’animal qu’il portait était en putréfaction.
Il paraît que le port du symbole continue encore. J’espère qu’il n’a pas toujours ce même côté pervers.
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