24 février 2014

Burkina : De quoi a-t-on peur ?

L’actualité politique au Burkina Faso, ces derniers mois, est marquée par le débat autour de la modification de l’article 37 de la constitution du Burkina qui limite le mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une seule fois et sur l’instauration d’une deuxième chambre. Si ces débats sont normaux à mon avis, certains veuillent voir en l’actuelle situation, la naissance d’une crise pareille à celle ivoirienne.

Les armes ne crépiteront pas au Burkina Faso
Les armes ne crépiteront pas au Burkina Faso

« Que Dieu sauve le Burkina », « Que la paix règne sur le Burkina », « Préservons le Burkina ». Ce sont des propos que l’on entend sur les forums, les discours de certains hommes politiques, les lettres ouvertes dans les journaux etc. A lire ou écouter ces propos, on a comme l’impression que le Burkina Faso va brûler. Pourquoi ? Face aux velléités du parti au pouvoir le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) de modifier l’article 37 de la constitution burkinabè pour permettre à Blaise Compaoré de se représenter une nouvelle fois, l’opposition  s’est exprimée par un niet. Les manifestations du 29 juin 2013 et du 18 janvier 2014 a connu des succès incroyables donnant ainsi le rapport de force en défaveur du Président Blaise Compaoré. La contremanifestation menée par le CDP et la Fédération Burkinabè pour la Paix et le Progrès avec Blaise Compaoré (FEDAPBC), même si ces derniers ont convoyé depuis les provinces du Burkina des femmes et des jeunes qui auraient même reçu de l’argent, ont montré que les positions étaient bien tranchés et chaque camp reste sur sa position.

Partant de ce constat, un groupe de « médiateurs autosaisis» a décidé de mener des négociations afin que les deux parties à savoir l’opposition burkinabè renforcée par des démissionnaires du parti au pouvoir le CDP qui ont créé le Mouvement Populaire du Peuple (MPP) et le camp de Blaise Compaoré qui est pour la modification de l’article 37. Cette démarche, selon les médiateurs a pour objectif de préserver la paix sociale. Une situation qui semble renforcé la peur des Burkinabè sur une éventuelle crise aux issus incertaines.

Mais qui a dit que le Burkina va brûler ? Ce qui se passe au « Pays des Hommes intègres » est tout à fait normal politiquement. Il est normal que dans un pays démocratique, que chaque tendance veuille exprimer ses positions sur les lois qui régissent le pays. Tous ces tiraillements sont normaux. Il ne faudrait donc pas que les hommes politiques burkinabè transportent le débat sur un autre terrain que celui de la politique. Si le parti au pouvoir a fait marche arrière sur la loi portant instauration du sénat, c’est parce qu’il a constaté que le rapport de force n’est pas en sa faveur. Bien sûr, c’est pour la préservation de la paix sociale.

A mon avis, la coalition CDP et FEDAP/BC qui joue ses dernières cartes pour modifier l’article 37 n’ira pas jusqu’au  tant que le rapport de force sera en sa défaveur comme c’est le cas actuellement. Cette « crise » est différente de celle de 2011 pendant laquelle toutes les couches sociales ont manifesté leur désappointement. Le Burkina Faso est en train de vivre le scenario du 3 janvier 1966 où les Burkinabè, par leur mobilisation pacifique avait contraint le Président Maurice Yaméogo a démissionné à cause des nombreuses décisions impopulaires qu’il avait pris à l’époque. Le scenario sera différent parce que le contexte est différent. Le Burkina ne brûlera pas parce que les Burkinabè ne sont pas opposés entre eux. 

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