Les raisons de l’effritement du CDP aux législatives burkinabè

Article : Les raisons de l’effritement du CDP aux législatives burkinabè
Crédit:
19 décembre 2012

Les raisons de l’effritement du CDP aux législatives burkinabè

Les résultats provisoires des élections couplées législatives ont été rendus publics ce jeudi 06 décembre 2012 par la commission électorale nationale indépendante (CENI). Le constat, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) prend du recul. De 65% d’élus en lors de la précédente législature le CDP s’en tire actuellement avec 55% des députés.

Photo CDP

Ce recul est la conséquence de la crise socio-militaire  qui a secoué le Burkina Faso dans le premier trimestre de l’année 2011 avec les mutineries en cascades, les grèves et manifestations des élèves et étudiants, de la justice, des commerçants etc. Les Burkinabè ont manifesté leur ras le bal face à l’inactivité du gouvernement sur la cherté de la vie, le sentiment d’injustice  consécutif au décès de l’élève Justin Zongo. Concernant ce cas, l’on avait d’abord voulu faire croire qu’il est décédé de méningites avant d’être déclaré mort des suites de blessures après des coups reçus dans un commissariat de police. Les mutineries qui ont secoué le Burkina à cette période, ont fragilisé le régime actuel. Le Président du Faso Blaise Compaoré a lui-même reconnu à cette période qu’il n’était pas au courant de certains problèmes dans son propre pays.

Le sentiment d’injustice a aussi incité certains militants du CDP à donner leurs voix à d’autres formations politiques. Le cas le plus récent, c’est l’affaire Ousmane Guiro. Emprisonné pour détention illégale de 2 milliards de francs CFA enfouis dans des cantines, Ousmane Guiro, l’ancien directeur général de la douane burkinabè a bénéficié d’une liberté provisoire pour raison de maladie soi-disant . Ce dernier va surprendre les Burkinabè en se présentant candidat sous la bannière du parti majoritaire le CDP. Cela a donné le sentiment à beaucoup que l’arrestation de cette personnalité un premier novembre n’était qu’une mise en scène. L’impression qui se dégage, c’est que même si Guiro n’a pas été jugé, c’est qu’on peut voler impunément au pays des hommes intègres. En tout cas, le CDP pouvait nous épargner d’une telle publicité. Le cas Guiro n’est que l’une des affaires plus récentes car beaucoup d’autres faits, comme la disparition de Norbert Zongo d’élèves et Justin Zongo, résonnent dans la tête des jeunes. A cela s’ajoutent de nombreuses malversations dans des municipalités comme celle de l’arrondissement de Boulmiougou (Ouagadougou) etc.

La crise interne au CDP explique également cette situation. Des clans existent au sein du parti majoritaire. Pendant cette campagne, certains leaders du CDP tel que l’actuel président de l’Assemblée Nationale n’était pas visible sur le terrain. Il n’était même pas candidat. Cela s’explique par la guerre fratricide qui mine ce parti politique. Ceux qui connaissent le milieu estiment qu’il y a trois clans au sein de ce parti. Il s’agit de celui de François Compaoré, le petit frère du Président du Faso Blaise Compaoré, de Simon Compaoré, le maire de la ville de Ouagadougou (qui ne s’est pas présenté cette fois ci) et Salif Diallo l’un des bonzes du parti, bras droit du Président du Faso suspendu entre temps par ses paires après sa proposition sur l’institution d’un régime parlementaire au Burkina Faso et de Roch Marc Christian Kaboré. Ce conflit a fragilisé le CDP de sorte que Ni Salif Diallo, ni Simon Compaoré encore moins Roch Marc Christian Kaboré n’étaient candidats pour ces élections couplées.

Tous ces facteurs ont eu pour conséquence une volonté de  changement de la part surtout de la classe jeune et instruite. Le Burkina Faso est dirigé depuis 25 ans par le Président Blaise Compaoré et depuis 14 ans par le CDP son parti si l’on enlève exclut  la période l’ODP/MT. Si le parti de Blaise Compaoré a réussi tout de même à remporter ces élections, c’est parce qu’il peut compter sur une classe analphabètes soumise aux à certaines pesanteurs socioculturelles selon laquelle un chef ne se remplace que s’il meurt.

Même si le CDP crie victoire, le parti risque en réalité de se mordre les doigts. Il est bien vrai qu’il a une majorité à l’assemblée mais celle-ci n’est pas suffisante  car pour certaines lois, il faudra l’aval de 2/3 des députés. Le CDP sera donc obligé de composer avec l’ADF/RDA qui a déjà manifesté son opposition à la modification de l’article 37.  Le CDP va devoir lutter dans les prochaines années car l’effritement risque de ne pas s’arrêter à ces élections. 

Partagez

Commentaires