Commémoration du 1er mai, une pensée pour les personnes handicapées

30 avril 2011

Commémoration du 1er mai, une pensée pour les personnes handicapées

 Dimanche 1er mai, le monde entier célèbre la journée internationale du travail. Cette célébration intervient alors qu’une couche importante vie une profonde discrimination. Il s’agit des personnes handicapées.

Malgré son diplôme, Ismael Traoré se pose des questions sur son avenir

 

 

Il y a deux ans, alors que j’effectuais un stage dans un quotidien burkinabè Sidwaya, la rédaction a reçu un jour la visite d’un jeune aveugle. Souleymane Ouédraogo, venu racontrer ses mésaventures alors qu’il tentait de passer  un concours de la fonction publique, la magistrature. Il était âgé à l’époque de 34 ans et diplômé  en maîtrise des droits des affaires. Mais le jeune homme a perdu la vue à l’âge de 10 ans, victime de la rougeole. Recueilli par l’Association Burkinabè pour la Promotion des Personnes Aveugles (ABPAM), Souleymane Ouédraogo suit un cursus normal jusqu’à l’Université de Ouagadougou.

Il était noté comme tous ses camarades sauf qu’il rédigeait ses cours et ses devoirs en braille avant que cela ne soit transcrit noir sur blanc pour faciliter la correction au professeur.

Le plus dur commence lorsqu’il entreprend des démarches pour déposer ses dossiers de candidatures aux concours de la fonction publique.

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit …» comme le stipule l’article 1 de la  Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) adoptée le 10 décembre 1948. Selon l’article 21 « toute personne à droit au travail, au libre choix de son travail ». En plus la loi 13 / 98 portant reforme de la fonction publique  n’empêche pas les aveugles à postuler. Tenant compte de ces principes, il décide de se porter candidat aux concours d’entrée à l’école de la magistrature. Mais, les portes lui sont fermées pour son handicap.

Après plusieurs tentatives, il décide de faire entendre sa voix à travers la presse. Souleymane Ouédraogo ne demandait aucune faveur mais que son dossier soit accepté et que l’on puisse lui permettre de travailler avec un  ordinateur  adapté. Souleymane Ouédraogo a passé le concours d’entrée à la magistrature.

A l’Université de Ouagadougou Ismaël Traoré est bien connu de tous. Cet étudiant n’a aucun de ses quatre membres au complet. Mutilé depuis l’âge de trois ans (victime d’un accident de train), il a bravé son handicap. Son cursus scolaire l’a conduit à l’Université de Ouagadougou où il étudie en troisième année de droit. Pourtant, il écrit ses cours à l’aide de sa bouche. Lui, il affirme être allé à l’école avec pour seul objectif de prouver aux autres que les personnes handicapées ont des potentialités. Il pense qu’il ne pourra jamais travailler dans la fonction publique. Vu son infirmité, ses critères l’empêchent de postuler. Par exemple, Ismaël Traoré ne pourra jamais être candidat aux concours de la gendarmerie, de la police à cause des épreuves sportives qu’il devrait passer.

Il y a un grand écart entre les discours en faveur des personnes handicapées et les actes. Aucune mesure adéquate n’est prise pour recenser les personnes handicapées et leur permettre de se sentir partie intégrante du tissu social. Aujourd’hui, les paroles, les textes adoptés doivent être joints aux actes.  

S’il est vrai que des personnes handicapées, travaillent dans la fonction publique burkinabè. La grande majorité des structures ne sont pas adaptées pour leur permettre de travailler comme il le faut. Certains d’entre eux doivent souvent gravir des escaliers avec leurs béquilles pour rejoindre leur bureau. Pour ce 1er mai 2011, à l’heure où toutes les couches de la société sont en train de manifester, une attention particulière doit être accordée au cas des personnes handicapées. Dans un contexte où les « personnes non handicapées » ont du mal à trouver du travail, ces hommes et femmes sont obligés de travailler deux fois plus pour se faire une place dans cette société.

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