Liberté de la presse : le Burkina mieux classé que les Etats-Unis

Article : Liberté de la presse : le Burkina mieux classé que les Etats-Unis
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3 mai 2017

Liberté de la presse : le Burkina mieux classé que les Etats-Unis

La presse au Burkina Faso est libre si l’on croit le dernier classement de Reporter Sans frontière (RSF). Le Burkina Faso occupe la 4e place devant les États-Unis selon le dernier classement sur la liberté de la presse dans le monde. Un classement qui peut paraître surprenant quand on se trouve au pays des hommes intègres.

Le Burkina Faso, 42e dans le classement de RSF est en effet juste devant les États-Unis qui arrivent 43e en matière de liberté de la presse. En plus de cela, le Burkina Faso n’est pas si loin de la France qui se place à la 39e  position. Les trois pays se trouvent tous dans la même zone jaune, qui désigne les parties du globe à la « situation plutôt bonne » selon la légende du tableau de RSF. La surprise réside dans le fait qu’au Sud du Sahara, les États-Unis et la France sont considérés comme des modèles historiques de démocratie, tandis que le Burkina Faso sort de 27 ans de règne de Blaise Compaoré. Le pays n’avait jamais connu une alternance  démocratique.

Mais en parcourant la documentation du site de Reporter Sans Frontière (RSF), on se rend compte « en l’espace d’un an seulement, le nombre de pays où la situation pour les médias est considérée comme “bonne” ou “plutôt bonne” a diminué de 2,3% ». Et pourtant, RSF constate que c’est dans les pays de traditions démocratiques que l’on constate une dégradation de la liberté de la presse.

Donald Trump coupable ?

Qu’est ce qui peut expliquer une telle situation ? « A force de rogner sur la liberté fondamentale d’informer au prétexte de protéger leurs citoyens, les démocraties risquent d’y perdre leurs âmes », souligne le secrétaire général de RSF Christophe Deloire. Les élections présidentielles aux États-Unis et en France semblent expliquer en partie la baisse de la côte de ces deux pays avec des attaques répétées, des insultes, « dans un climat violent et délétère». De plus en plus, les hommes politiques tendent à s’immiscer dans le travail fait par les journalistes dans ces pays qui avaient pourtant bonne réputation. RSF donne pour exemple le cas de la Finlande où le Premier ministre s’est personnellement « immiscé dans les programmes de la radio publique Yle pour qu’elle ne traite plus d’un possible conflit d’intérêts dans lequel il serait impliqué ».

Sous pression, les médias sont de plus en plus traqués dans ces nations dites de démocratie avec l’adoption parfois de charte élargissant le pouvoir des services secrets sans protection pour les journalistes. C’est le cas précisément au Royaume-Unis, classé juste à deux points de plus que le Burkina Faso. Dans certains pays, les journalistes sont mêmes obligés de livrer leurs sources alors que d’autres sont mis sur écoute comme c’est le cas au Canada.

La précarité du métier menace les journalistes burkinabè

Si le Burkina Faso occupe un bon rang dans ce classement, c’est à la suite du sacrifice du journaliste Norbert Zongo, assassiné en 1998. Le rôle joué par les médias pendant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2017 a aussi favorisé ce climat. Mais la menace demeure avec les lourdes amendes et les sanctions pouvant conduire à la fermeture des journaux demeure une limite selon RSF.

Toutefois, ce classement ne doit pas cacher les nombreux problèmes que rencontrent les journalistes burkinabè. La précarité (bas salaire, mauvaises conditions de travail, la pression du travail, de l’employeur etc.) empêche souvent les journalistes de faire leur travail de façon indépendant et consciencieuse. Ils sont souvent obligés d’accepter des perdiems de cinq mille, dix mille francs CFA lors des couvertures d’événements pour souvent joindre les deux bouts. L’amélioration des conditions de travail des journalistes burkinabè est le défi à relever.

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Commentaires

Lompo
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Je crois effectivement de l'assassinat de Norbert Zongo a été un coup de pouce important pour les journalistes burkinabè. Le soulèvement qu'a suscité cet assassinat a appris aux dirigeants d'antan qu'ils ne pouvaient pas tuer sans être inquiétés. Du même coup cela a donné plus de liberté aux journalistes. et l'insurrection populaire de 2014 a apporté également son coup d’accélérateur. Maintenant c'est aux journalistes d'être plus responsables dans leur travail.

Guy Muyembe
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Excellent. Bravo !

Amadou
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la Mauritanie arrive devant son voisin sénégalais. Pourtant les médias sénégalais semblent avoir une certaine marge de manœuvre. Beaucoup plus qu’en Mauritanie. La presse mauritanienne serait donc plus libre que celle sénégalaise. Mieux, le pays pointe à 16 longueurs derrière la France et à 12 des Etats Unis. La France, pays des droits de l’homme et les USA celui du premier amendement. Quelle prouesse !