1 mai 2017

Au Burkina-Faso, un documentaire décrit la chute de Compaoré

Le documentaire « Place à la révolution », film de 84 minutes plonge le spectateur dans les moments de lutte qui ont conduit à la chute de l’ancien président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré. Il s’intéresse surtout à l’organisation, la mobilisation, la sensibilisation  et la lutte menée sur le terrain par les leaders du Balai Citoyen contre la modification de l’article 37 de la Constitution du Burkina. Cet article permettait à l’époque au Président Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat et d’instituer un pouvoir à vie.

 

Place à la révolution revient sur le processus de mobilisation du Balai Citoyen (Boukari Ouédraogo)

Lorsqu’il met la radio offerte par sa grand-mère en marche, Kiswendsida Parfait Kaboré dit Galadio tombe sur la voix de Sams’K Le Jah, à l’époque animateur d’une émission reggae sur la Radio Ouaga FM. Il décide alors de le rencontrer. D’un portrait de Sams’K le Jah qu’il voulait réaliser, il sort le documentaire « Place à la révolution ». Un film qui résume la lutte menée par le Balai Citoyen avec ses deux leaders principaux Sams’K Le Jah et Smockey.  Il a été co-fondé durant l’été 2013 par ces deux artistes militants, inspirés des idées de l’opposant, Thomas Sankara. Ils ont organisé différentes actions de protestation durant l’année 2014, dont la tenue d’un meeting conjoint avec une trentaine de partis d’opposition,  le 31 mai 2014, contre le président d’alors, Blaise Compaoré.

La caméra de Galadio est braquée principalement sur Sams K Le Jah et son compagnon de lutte Smockey deux artistes engagés dès les premières heures contre la modification de l’article 37. A travers des images inédites et presque uniques, il nous montre les coulisses de ce processus de révolution. Mais, c’est aussi une épopée musicale (concerts de sensibilisation grands-publics, des campagnes de reboisement et surtout des rencontres d’échanges dans les différents quartiers, les villages, les écoles loin de la capitale Ouagadougou) que propose le réalisateur etc.

De la parole aux actes

 « Il ne s’agit pas de parler seulement de Sankara, il a posé des actes il faut transmettre ça », résume Le Jah. Cette réalisation, est une plongée au cœur des différents évènements faisant en gros plan sur les marches, les meetings, les résistances face à Blaise Compaoré qui comptait s’éterniser au pouvoir. Le spectateur se sent véritablement acteur de tout ce qui passe. Mieux, Il vit les ambiances de meetings géants, respire les gaz lacrymogènes, prend part aux affrontements avec la police etc.

En effet, ce film tranche donc avec plusieurs autres par le fait qu’il met le spectateur au cœur de l’action, comme premier acteur. Normal dans la mesure où le réalisateur était au cœur de l’évènement. La caméra est surtout braquée uniquement sur le Balai Citoyen et ses leaders. Si « Place à la révolution » commence sur des notes musicales, il s’achève aussi sur des notes slam alors que l’assemblée nationale est en plein feu.

Il n’y a pas que Smockey et le Jah

Toutefois, aucune mention faite aux partis politiques, aux autres associations qui ont lutté aux côtés du Balai Citoyen. Une volonté du réalisateur qui se comprend aisément. Pour ceux qui n’ont pas été au cœur de cette lutte, ils découvrent de nouveaux visages tels que le slameur Hamidou Valian présent tout le long du film à travers ses verts décapants. Il a presque volé la vedette aux deux principaux leaders du Balai Citoyen. A côté de lui,  Rasmané Zidnaba qui s’est révélé être un véritable harangueur.

On reste sur sa faim sur certains points. La caméra est surtout braquée sur Sams’K Le Jah. Smockey ne semble joué qu’un rôle d’accompagnateur. En plus de cela, « Place à la révolution » n’entre pas assez dans les coulisses : réunion sécrètes, briefing avant et après les manifestations, les dessous de l’arrivée du général Isaac Zida au pouvoir. D’ailleurs, le tournage a débuté depuis octobre 2012. Malgré tout, Place à la Révolution est un chef d’œuvre qui permet à celui qui n’a pas vécu la révolution burkinabè en direct de le vivre comme s’il y était.

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Commentaires

SAWADOGO
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Une belle critique d'art mon grand. Félicitations