Au Burkina, les jeunes veulent-ils vraiment devenir des paysans?

Article : Au Burkina, les jeunes veulent-ils vraiment devenir des paysans?
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3 mai 2016

Au Burkina, les jeunes veulent-ils vraiment devenir des paysans?

Le Burkina Faso a organisé du 28 au 30 avril 2016 la Journée nationale du paysan avec pour thème : «Agriculture et lutte contre le chômage : développer et soutenir entrepreneuriat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique pour l’insertion socio-professionnelle des jeunes». Malgré la pauvreté et les opportunités qu’offre la terre, les jeunes burkinabè ne sont pas forcément devenir des paysans.

Charrue
Il faut donner plus de moyens aux jeunes pour qu’ils puissent entreprendre dans le secteur agricole

Le taux de chômage au Burkina Faso selon le recensement général de la population et de l’habitation de 2006, le taux de chômage est de 2,3%. Les femmes et la couche jeune de la population sont les plus touchées. Alors pays principalement agricole, le Burkina Faso souhaite faire des jeunes un pilier pour un véritable décollage économico-agricole. C’est pourquoi le thème de la 19ème Journée national du paysan, rencontre annuelle d’échanges et de réflexion avec les autorités burkinabè, s’est intéressée particulièrement à entrepreneuriat des jeunes pour réduire le taux de chômage. Et pourtant, les paysans en majorité analphabète qui cultivent la terre sont confrontés à d’énormes difficultés qui n’attirent pas les jeunes.

Le premier obstacle à entrepreneuriat des jeunes dans le milieu agricole demeure l’accès au foncier. Au Burkina Faso, la terre appartient en général au chef de famille qui assure la gestion. Ainsi, il est difficile pour les jeunes d’avoir une grande portion de terre cultivable. Ainsi, tout comme les femmes, les jeunes ont un faible accès à la terre. En plus de cela, le taux d’analphabétisme élevé freine entrepreneuriat agricole au niveau des jeunes. D’ailleurs, même les jeunes instruits se voient mal en train de cultiver la terre. En plus de cela, le concept entrepreneuriat agricole est mal connu au Burkina Faso. Même pour les plus instruits, parler d’ «entrepreneuriat agricole» semble être adressé aux gourous en vestes ou habillés en gros pagnes bassins de la capitale.

Il faut briser des préjugés

Déjà, le système éducatif burkinabè ne favorise pas le retour à la terre des jeunes puisque ces derniers n’apprennent pas grand-chose des pratiques agricoles dans l’école classique. Ainsi, lorsqu’ils finissent le cursus classique ils ne savent rien faire de leurs deux doigts. Sur le plan de l’élevage par exemple, certaines pesanteurs socio-culturelles font croire que posséder de nombreuses vaches est un signe de richesse. Perdre un bœuf à travers la vente dans le monde rural s’avère être une grosse perte pour ces paysans qui préfèrent souvent acheter un bœuf ou de la viande au marché pour les jours de fête.

L’accès aux crédits est un autre calvaire que rencontre les jeunes pour essayer d’entreprendre. Au Burkina, les jeunes ont des idées mais ne bénéficient pas d’accompagnement. Les jeunes ne sont pas suffisamment accompagnés sur le plan des crédits parce que les critères qu’imposent les banques sont inadaptés au monde rural.

Au Burkina, devenir paysan semble être une insulte. A l’école, lorsqu’un élève avait du mal à comprendre les leçons, les instituteurs sortaient comme menacent, le fait qu’ils iraient cultiver la terre. Devenir paysan était donc synonyme d’échec car le rêve de tout élève était devenir fonctionnaire. C’est pourquoi, les jeunes ne veulent pas être des paysans au Burkina Faso. Aujourd’hui encore, ces préjugés demeurent. Pour que les jeunes puissent retour à la terre et pour développer entrepreneuriat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique, il faudrait réorienter le système éducatif burkinabè en mettant l’accent sur les programmes scolaires dans ce sens mais aussi et surtout allier la théorie à la pratique.

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Commentaires

jean ribot
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Votre blog est très intéressant monsieur !

Je voulais juste rajouter le problème du manque de formations et celui des spéculateurs foncier : Combien d'hectares dans le pays ne sont pas exploités et appartiennent à de grands propriétaires qui attendent simplement la montée des prix pour revendre ?

Boukari Ouédraogo
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Merci pour le compliment.
Ils sont effectivement nombreux, ces gens qui possèdent des hectares de terre non véritablement exploitées. Pendant ce temps, les pauvres paysans n'ont rien.