L’enfer Libyen d’un rapatrié burkinabè

Article : L’enfer Libyen d’un rapatrié burkinabè
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8 janvier 2016

L’enfer Libyen d’un rapatrié burkinabè

Un mois après, les Burkinabè chassés de la Guinée Conakry, 133 Burkinabè sont rentrés de la Libye, dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 janvier 2016 grâce à une opération spéciale engagée par les autorités burkinabè. Ces rapatriés ont vécu un enfer en Libye.

Un mini-car transportant des Burkinabè rapatriés de la Libye
Un mini-car transportant des Burkinabè rapatriés de la Libye

Aux environs de 11 heures ce vendredi 8 janvier, de nombreux rapatriés avaient déjà quitté le site d’hébergement de l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), un centre du ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale du Burkina, situé au quartier Somgandé de Ouagadougou. A l’entrée, un groupe de jeunes, les valises posés devant eux, attendent que des véhicules dépêchés par l’Etat burkinabè viennent les chercher. Au milieu  de ces  jeunes au regard perdus, l’un d’entre eux se renseigna auprès de nous sur la situation géographique de la gare de l’Est. Renseignement pris, il quitta le centre d’hébergement.

A l’intérieur, un mini-car s’apprête à démarrer avec une vingtaine de rapatriés. Plus loin, devant les salles qui ont servi de dortoirs, situées au milieu de la cours, une dizaine d’autres rapatriés attendaient également des parent pour être transportés à la gare ou passer la nuit chez eux. Ils n’avaient plus rien. Ils ne pouvaient pas non plus attendre les autres. Parmi eux, Séni Zampou, 22 ans. Habillé d’un survêtement bleu-ciel, il attend sur un table-banc d’écolier, un sachet d’eau à la main.

Il y a un an il a quitté le Burkina Faso pour rejoindre la Libye dans l’espoir de faire fortune. En quittant le purgatoire burkinabè pour l’Eldorado rêvé, c’est plutôt droit l’enfer que Séni Zampou a foncé la tête baissé. Dans ce pays, il a connu toute sorte de souffrance dont particulièrement le racisme.  Comment s’est-il retrouvé dans cette situation? « Il y a trois mois, des gens sont venus cassés notre porte, ils ont pris tous nos biens et ils sont allés nos enfermées sans rien nous dire », explique-t-il les propos remplis d’amertume. Après, cela, ils ont été conduit en prison comme des voleurs alors qu’ils n’avaient rien fait, estime-t-il.

C’est aux environs de une heure du matin que ces individus qui pourraient bien être des policiers se sont introduis chez lui, raconte-il. Ce jour-là, lorsqu’il est rentré tout fatigué du travail avec ses camarades, avant même de manger, des individus qu’ils ne connaissaient ont fait irruption dans leurs maisons. « Ils nous ont frappé et nous ont demandé où se trouvait l’argent ensuite, ils ont fouillé les maisons », poursuit Séni Zampou en tenant de faire des gestes pour montrer son incompréhension ce jour-là. Ils cherchaient donc de l’argent, pensant que ces migrants ont gagné à la sueur de leur front leur ont été volés. C’est ainsi que les maigres économies qu’ils avaient faites ont été emportés avant de les envoyer en prison.

 

Des tracasseries quotidiennes

Bien avant de devoir partir, le jeune burkinabè parti à l’aventure a dû faire face aux brimades de tout genre. Décorateur, il pensait que son talent lui ferait vivre dans l’eldorado libyen. Mais en réalité, c’est sur place que Zampou a appris le métier de décoration. Mais pour ce travail, il lui arrivait de travailler sans être payer tout simplement parce qu’il était un migrant et en plus sans papier. Son rêve était de rejoindre l’Europe, faire fortune et revenir dans son pays. Mais faute d’argent, il ne pouvait pas continuer le voyage. C’est pourquoi, le jeune homme  est resté en Libye en attendant un jour meilleur.

Dans un tel contexte, lui qui rêvait d’envoyer de l’argent à sa famille resté au pays, se demande comment faire. « les affaires que je t’ai dit, on a pris. Tu ne peux pas travailler, on va te prendre ça (argent) », regrette-t-il. Chaque jour était un jeu de cache-cache. Lorsqu’un rapatrié avait le malheur de se retrouver en prison, il peut y rester plusieurs jours s’il n’a pas un téléphone portable.

Pour aller en Libye, il a du faire beaucoup d’économies. Et Séni Zampou ce qu’il a investi pour ce voyage. Selon lui, 100 mille franc CFA suffissent pour engager ce voyage. Mais avec les tracasseries policières, les passeurs qu’il faut payer, il faut disposer d’une fortune qui aurait pu servir à créer une petite entreprise au Burkina « C’est la chance ! Tu peux dépenser 500 mille comme tu peux aussi dépenser un million de francs CFA », confie Séni Zampou.

« Pour nous, c’est dans la main de Dieu. On ne peut rien dire parce qu’on a rien. Rien du tout ».

De retour désormais au pays, il doit penser à ce qu’il va faire. Mais Séni Zampou, ne sait pas à quel saint se vouer. Il est rentré tout démunis de son périple libyen. « C’est la prison que j’ai quitté pour aller directement à l’aéroport. Façon je suis assis, c’est de cette manière que j’ai quitté la Libye », fait-il remarqué. Le bagage à côté, ne lui ’appartiendrait pas. C’est celui, d’un ami allé chercher un taxi. Lui, a eu plus de chance.

« Pour nous, c’est dans la main de Dieu. On ne peut rien dire parce qu’on a plus rien. Rien du tout. Si on avait un peu, on allait s’appuyer sur ça », déplore encore le jeune homme. A présent, il ne sait pas comment expliquer à sa famille qu’il a échoué.

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Commentaires

Gaston Bonheur
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Bon reportage