Paul-François Compaoré, l’homme qui dirigeait réellement le Burkina Faso ?

5 novembre 2014

Paul-François Compaoré, l’homme qui dirigeait réellement le Burkina Faso ?

L’affaire Norbert Zongo, avec ses conséquences médiatiques, a fait connaître François Compaoré au grand public. S’il est connu en tant que frère et conseiller économique de l’ancien président du Burkina Faso, certains faits tendent à montrer que c’est lui qui tirait les ficelles.

Paul François Compaoré, l’homme qui dirigeait réellement le Burkina Faso
François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré contrôlait bien le Burkina Faso

 

En visitant le domicile de François Compaoré frère de l’ancien du chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré, l’on a pu constater que ce dernier a une qualité : il conserve soigneusement tout. Malheureusement, les pillages dont a fait l’objet son domicile ne permettent pas de mettre la main sur certains documents précieux et confidentiels qui y étaient conservés. Ce dont on peut se convaincre, c’est que Paul-François Compaoré surveillait bien tout ce qui se passait dans son pays. Quelques documents ont été retrouvés. L’un des premiers constats, c’est que François Compaoré apparaît comme un faiseur de roi. La lettre d’un marabout datée de janvier 1993 retrouvée chez lui semble montrer qu’il s’attachait les services de ces messieurs pour peut-être bien assoir le pouvoir de son frère aîné. En Afrique et au Burkina en particulier, on croit beaucoup à ces choses. Un bon chef doit avoir un bon ou plutôt de bons « wacks », des gris gris.

 

Cette  lettre est signée  d’un marabout résident à Bobo Dioulasso. Ce dernier confirme  avoir bien reçu « l’enveloppe » que François Compaoré lui a envoyé . Le marabout précise que le sacrifice a pris trop de temps et explique cela par le fait que François Compaoré n’était pas disponible. C’est pourquoi il lui demande de s’associer à son frère (Blaise ?) pour trouver une personne disponible et de confiance qui pourra régler les commissions. Dans ladite, lettre, on apprend que François Compaoré a remis un tracteur à ce monsieur.

 

 

Certains confient avoir trouvé des lettres de personnalités burkinabè qui demandaient à François Compaoré d’intercéder en leur faveur pour des postes à la chambre du commerce ou dans d’autres structures. Mais le plus édifiant, ce sont ces rapports d’enquête, de surveillance ou de renseignement découverts au domicile. Ainsi, le rapport de renseignement d’une discussion entre Étienne Traoré un opposant et ancien député et le journaliste Norbert Zongo assassiné en 1998. En 1996 déjà, François Compaoré semblait surveiller le journaliste de L’Indépendant, connu à l’époque sous le nom de Henri Sebgo. Exemple d’une note de renseignements confidentiels dont la source est A et la valeur 1 datée du 2/08/96 :

« Commentant le point de presse fait par le ministre Tertus Zong, Norbert Zongo affirme que le ministre a « craché » de façon innocente le fait que le gouvernement ait confié la distribution des vivres à certaines ONG qui n’ont fait mieux que de les partager à leurs membres.

Etienne Traoré, intervenant, affirme que le ministre Tertus Zongo est un magouilleur. En 1987, ce dernier était à l’Ofnacer et tout le monde sait ce qu’il a fait. Puis il enchaîne en disant qu’en 1990; lorsqu’il s’est agi de la conférence nationale souveraine, Zongo Tertus s’est rangé du côté du « chef » (Président Compaoré) pour dire qu’elle n’était pas opportune.

Lui, Etienne, a trouvé cette position curieuse parce que Tertus Zongo, après le 15 octobre 1987, avait confié à un ami qu’il ne pouvait pas travailler avec des « gens qui boivent le sang des autres ».

 

 


(NB : Tertus Zongo a été ministre de l’Economie, ambassadeur du Burkina aux États-Unis et premier ministre)

Puis :

« Parlant du ministre Diabré Zéphirin, Norbert Zongo dit que ce dernier a abandonné Roch Marc Christian Kaboré et qu’il est devenu le « porte-sac » du ministre Salif Diallo. Puis il termine en disant que Diabré Zéphirin a un dossier compromettant à l’Onac.

Etienne renchérit en disant qu’effectivement Diabré a mangé un peu « dedans » ».

(NB : Zéphirin Diabré ancien ministre de Blaise Compaoré est actuel chef de file de l’opposition politique burkinabè).

Mieux encore, les révolutionnaires ont trouvé chez François Compaoré un rapport confidentiel annonçant le départ du parti au pouvoir de l’ancien président de l’Assemblée nationale aujourd’hui passé dans l’opposition Roch Christian Kaboré. En lisant ce document, on se rend compte que François Compaoré avait un service de renseignement au sein du parti.

Ce rapport a été envoyé avec le sceau secret confidentiel le 28 mars 2012 :

«Des informations recueillies dans le milieu proche du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) font état de ce que M. Roch Marck Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale manifeste son intention de se retirer de la politique.

Selon la source, M.  Kaboré dit être désenchanté suite aux accusations dont il a fait l’objet de la part de certains responsables du CDP pendant la crise sociopolitique de 2011.

C’est pour cette raison, précise la source, qu’il a précipitamment quitté la tête du parti, bien qu’il ait déclaré auparavant que l’article 37 est anticonstitutionnel.

La même source indique que M. Rock Marc Christian Kaboré envisage quitter la présidence de l’Assemblée nationale en décembre 2012, ce qui lui permettra de se retirer de la vie politique.

 

Effectivement, Roch Marc Christian Kaboré a quitté le CDP et la tête de l’Assemblée nationale pour à la fin  se retrouver au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), un parti d’opposition qui a contribué à mener la vie dure à Blaise Compaoré.

 

Rapport sur le depart du CDP de Roch Marc Christian Kaboré

A l’analyse de tout cela, l’on se rend compte que François Compaoré était un homme incontournable au sein du CDP. Ses services de renseignement fonctionnaient bien. C’était donc lui l’homme de terrain de son frère Blaise Compaoré. Beaucoup de personnes affirmaient d’ailleurs que c’est lui François Compaoré qui aurait obligé Blaise Compaoré a modifier l’article 37 de la Constitution et à se présenter une nouvelle fois.

Lors du dernier remaniement ministériel, beaucoup ont accusé François Compaoré d’avoir fait entrer dans le gouvernement et à plusieurs postes stratégiques ses proches. C’est ce qui expliquerait en partie le départ de Simon Compaoré de la mairie de Ouagadougou.

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Commentaires

Yanogo Alassane
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Faites-nous plaisir en publiant ces documents retrouvés chez les sorciers au lieu de les commenter simplement. Merci

Boukari Ouédraogo
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Je pense qu'il est mieux de synthétiser car il serait fastidieux de vouloir publier le contenu de tous les documents ici. Et rien ne me permet de les traiter de sorciers.

Lionel
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Il serait intéressant de partager cette image que France24 diffuse tant accusant François de boire du sang humain.

Merci.

Eli
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Ces découvertes troublantes en disent long sur le role de ce monsieur dans le régime. Comme au Burkina bien de régimes en Afrique sont régentés par une poignée d'individus qui font la pluie et le beau temps. On comprend pourquoi certains ont intéret à ne pas lacher le pouvoir.