Burkina : faut-il mettre les cultures en concurrence ?

25 mars 2014

Burkina : faut-il mettre les cultures en concurrence ?

Non ! Je ne suis pas d’accord que l’on mette en compétition des cultures. De quel droit peut-on dire qu’une culture est supérieure à une autre ? De quel droit peut-on juger une tradition supérieure à une autre ? De quel droit peut-on dire qu’une coutume est supérieure à une autre ? Je me pose ces questions ou plutôt elles me préoccupent parce que le Burkina Faso et particulièrement la ville de Bobo fête depuis le samedi 22 mars 2014, la Semaine nationale de la culture (SNC). Il s’agit d’une manifestation pendant lesquelles différentes troupes culturelles du pays s’affrontent dans plusieurs catégories.

(ph Yempabou Ouoba)
(ph Yempabou Ouoba)

Tous les deux ans, se tient à Bobo Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso, la Semaine nationale de la culture (SNC). Il y a  les préliminaires, et pendant sept jours les troupes de tout le pays s’affrontent en chant, danse, sport (lutte, tir à l’arc), littérature … A l’issue de ces prestations, les meilleurs sont désignés. Cependant, je suis opposé que l’on mette des cultures en compétitions. Je me demande sur quel critère peut-on juger qu’un groupe ethnique qui met l’accent sur les épaules (Gourmantché) dans la danse est supérieur à celui qui utilise ses reins (Mossi de Zorgho par exemple) ou encore celui qui préfère les pieds (Yadsé, Mossi du Nord) ? De quel droit peut-on juger la prestation scénique d’un groupe qui donne dos au public pour danser (les Peulh par exemple) tandis que dans la culture d’un autre il est interdit de le faire ?

(ph. Yempabou Ouoba)
(ph. Yempabou Ouoba)

Dans certaines cultures du Burkina, les artistes dansent plutôt autour du public alors qu’à la Semaine nationale de la culture, ils sont tous obligés de faire face. De quel droit peut-on juger la gastronomie d’un groupe ethnique par rapport à celle d’un autre ? Les différences culturelles ne sont pas prises en compte dans un tel concours. Je ne vois pas l’opportunité de classer donc les différentes troupes qui vont prester pendant toute cette semaine.

(ph. Yempabou Ouoba)
(ph. Yempabou Ouoba)

A mon avis, on ne peut juger une culture par rapport à une autre. Cela reviendra à mon avis à comparer le « Blanc » et le « Noir » ou par exemple à faire une comparaison entre la culture occidentale et la culture africaine. Il n’y a pas de comparaison à faire parce que toutes les cultures se valent, chacune a sa richesse… Par respect pour l’autre, j’estime qu’il faut éviter de comparer !

Vive la Semaine nationale de la culture au Burkina!

La maison de la culture de Bobo Dioulasso où se tiennent les compétitions de la semaine nationale de la culture n’a pas été construite en tenant compte des différences de chaque groupe ethnique, culturel… Ainsi, les artistes sont obligés de se produire en fonction de critères établis par un jury qui ne tient pas compte des spécificités de chaque groupe.

(ph Yempabou Ouoba)
(ph Yempabou Ouoba)

J’aurai préféré qu’au lieu de parler de compétitions et de récompenses que cette Semaine nationale de culture, biennale, qui magnifie la culture puisse se ressentir sur tout le territoire national en encourageant les Hommes intègres à « consommer burkinabè » à travers l’habillement, la musique diffusée sur les stations de radio et de télé, les mets, etc. Néanmoins, je salue cette initiative des autorités burkinabè. La Semaine nationale de la culture initiée depuis 1984 est une occasion de valoriser la culture burkinabè en mettant en lumière sa diversité et son patrimoine.

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Commentaires

Serge
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Tu proposes de bonnes questions pour une réflexions sur la meilleure façon de promouvoir la culture. Je suis d'accord qu'on peut le faire sans les mettre en concurrence