Université de Ouagadougou : la cité de Zogona, lieu de défécation, refuge de bandits

Article : Université de Ouagadougou : la cité de Zogona, lieu de défécation, refuge de bandits
Crédit:
26 avril 2013

Université de Ouagadougou : la cité de Zogona, lieu de défécation, refuge de bandits

En juin 2008, lorsque le gouvernement burkinabè a fermé l’Université de Ouagadougou (UO) et aussi la cité universitaire de Zogona (qui est situé au sein du campus même), il a fait savoir que ces locaux démolis dans la foulée seront transformés en salles pour de professeurs et aussi en laboratoires. Cinq ans après, en retournant sur les lieux, à la place de ces infrastructures annoncées, on ne peut constater que des bâtiments en ruines.

L'entrée de l'un des bâtiments de la cité universitaire de Zogona
L’entrée de l’un des bâtiments de la cité universitaire de Zogona

Que sont devenus les bureaux de professeurs, les laboratoires promis par le gouvernement burkinabè en 2008 après la crise qui a secoué l’Université de Ouagadougou ? Rien. A la place de ces infrastructures des « ruines ont fait place ». Pourtant à la même période, le gouvernement avait érigé en quelques mois seulement, un mur qui apparemment avait pour but d’enfermer les étudiants dans un semblant de prison. Les travaux de construction des laboratoires et des salles de professeurs ont même démarré mais n’ont jusqu’à présent par été achevés. Toute personne qui passe devant la cité universitaire peut constater que ces bâtiments qui auparavant hébergeaient les étudiants et sa cour qui était constamment animée même en période de vacances, ressemblent à un champ de ruines.

Au seuil d'un bâtiment de l'ancienne cité universitaire
Au seuil d’un bâtiment de l’ancienne cité universitaire

De passage à l’Université de Ouagadougou, je me suis rappelé ces promesses faites. Je me suis rendu compte que les travaux qui avaient débuté s’étaient arrêtés. Ce qui a éveillé ma curiosité car en principe et comme je l’ai plus haut, il devait avoir des laboratoires modernes à cette place. Avant d’entrer dans l’un des bâtiments, je constatai que la porte était complètement abîmée. Une odeur pestilentielle de défécation me fit reculer. Il me fallut prendre mon courage à deux mains pour franchir le seuil  et de constater les excrétas et les urines sur le sol tout comme des sachets qui auparavant avait peut-être contenu des galettes ou de la viande grillée. Pis qu’une poubelle. En montant les escaliers pour entrer dans les chambres. Dans l’une d’entre elle, je vis un tas de guenilles posées à même le sol. « Quelqu’un doit habiter là », me suis- je dis. Je ressortis rapidement avant que le propriétaire ne vienne me surprendre et me prenne pour un voleur. On ne sait jamais. Parce qu’on peut faire beaucoup de choses lugubres en cet endroit sans que personne aux alentours ne le sache.

Dans la cour, formée par l’ensemble des bâtiments, des étudiants à l’ombre des manguiers révisaient leur cours. A. Ouédraogo est l’un d’eux. C’est lui qui m’apprend que la cité universitaire est devenue un lieu de défécation. « Quand il y a beaucoup de monde aux toilettes, les étudiants préfèrent venir ici ». Mais ils ne sont pas les seuls selon ses explications. Chaque soir, comme il me l’apprend, les jeunes mendiants viennent y jouer en attendant de pouvoir dormir la nuit. C’est la nuit que les grandes personnes rejoignent ces lieux pour ne pas être vu. Ils repartent très tôt le matin. Je me rappelle que certains jours, j’ai vu des habits étalés sur les murs. A l’époque, je n’avais pas fait attention.  

La saleté à l'ancienne cité de Zogona
La saleté à l’ancienne cité de Zogona

Au vu de tout cela, la question que je me se pose c’est « tout ça pour ça ?» Les étudiants ont été chassés du campus universitaire, d’autres cités ont été construites avec de l’argent qui aurait pu servir à autre chose, les travaux abandonnés etc., c’est une perte pour l’Etat. Cinq ans après, les grèves n’ont pas diminué, les professeurs n’ont pas leurs bureaux, les laboratoires ne sont pas construits. Dommage.

Les bâtiments de l'ancienne cité de l'UO

Les autorités doivent rouvrir le dossier. Même s’ils ne reconstruiront pas des cités universitaires, la construction des laboratoires et des salles professeurs soulagera énormément, enseignants et étudiants et permettra de baisser les revendications des syndicats. Il faut vite agir pour ne pas être surpris de la réaction des étudiants mais aussi de ce lieu qui est en train de devenir un QG de certaines personnes malintentionnées.

                                                  

Partagez

Commentaires

Mousa
Répondre

Je me rappelle l'ambiance qu'il y avait à la cité universitaire à l'époque. Malgré la precarité, il y avait la solidarité. A midi, qund tu es fatigué, tu vas te reposer chez un ami. C'était cool avec la belote, la pétanque le soir. C'était vraiment intéressant et même pendant les vacances, le campus était animé.