Évangile selon Boukari où l’autre histoire de Jésus

Article : Évangile selon Boukari où l’autre histoire de Jésus
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5 avril 2013

Évangile selon Boukari où l’autre histoire de Jésus

Il s’appelait Wendbenedo. Son travail, c’est de prêcher à longueur de journées dans les églises, au marché, dans la rue, partout où il se trouvait la parole de son père. Il faisait ce travail sans prendre 5 francs à qui que ce soit. Il n’est pas comme ces pasteurs sangsues vivant sur le dos de leurs fidèles, en organisant de fausses quêtes pour leur besoins personnels.

Il n’était pas de ces gens qui ont échoué dans tous les domaines et qui se sont retrouvés là par hasard et se faisant passer pour des prophètes. Wendbenedo n’était pas comme ça. Non pas qu’il soit riche mais parce que le matériel ne l’intéressait pas. Au contraire, il vivait comme un mendiant quémandant sa pitance quotidienne avec ses 12 élèves. D’ailleurs, ses parents n’étaient pas riches. Son papa était un simple menuisier qui se débrouillait pour avoir de quoi nourrir ses nombreux enfants. Sa mère elle le suivait partout comme sa queue.

 

bible

Wendbenedo était passionné par son travail comme le chien aime l’os. Il aimait enseigner sur une colline ou ses fidèles venaient l’écouter. Est-ce à cause de la belle vue qui s’offrait à lui, le bon courant d’air qui soufflait ? Sur ce choix, on ne sait pas trop pourquoi.

Comme souvent, Wendbenedo était sur la colline pour faire ce qu’il a l’habitude de faire : prêcher ou prier.  C’était un beau garçon avec des grands yeux qui semblaient fouiller dans le regard des autres. Sa voix était envoûtante. A l’écouter, il aurait fait un bon chanteur tellement sa voix était berçante. Toutes les filles l’enviaient. Malheureusement, le plaisir charnelle ne l’intéressait guère. C’est pourquoi, il n’avait pas de copine.

Il n’avait pas fait un seul jour le Cours préparatoire première année communément appelé CP1. Mais son intelligence était inégalée. Depuis que le monde était monde, on n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi intelligent. Comme c’est le cas en général, il était apprécié par certains et détesté par d’autres. Mais, Wendbenedo savait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Il se fichait d’ailleurs de plaire à quelqu’un. Il n’était pas là pour ça.

Les savants du pays, des religieux, des littéraires, des scientifiques etc. eux lui en voulaient beaucoup à cause de sa force d’argumentation, de conviction mais aussi l’adresse avec laquelle il captivait son auditoire. Chaque jour, des centaines de personnes se joignaient à lui. Certaines femmes étaient même battues par leurs maris parce qu’elles avaient laissés la sauce brûlées juste pour aller écouter ce qu’ils appelaient les « conneries » de Wendbenedo. Les savants n’admettaient pas que ce petit qui n’est pas allé à l’école, qu’on a vu grandir puisse être plus écouté plus qu’eux tous réunis. Plus grave encore, ils se prenaient pour « le fils de Dieu ». Comment un petit morveux comme lui peut avoir cette prétention ? D’ailleurs dans ses prêches, il disait que son Père, Dieu, l’avait envoyé pour faire ceci ou cela. Il avait poussé la prétention jusqu’à dire qu’il pouvait détruire et construire un temple en trois jours. Il se faisait passer pour un roi. Les savants se demandaient déjà depuis plusieurs mois comment faire pour le piéger et le condamner. Ils guettaient son moindre faux pas mais il n’en commettait pas. Certains moins radicaux se disaient que « si ce jeune n’est pas fou, il saoul ». D’ailleurs, son premier miracle, c’est d’avoir changer l’eau en vin.

Les savants avaient trouvé un moyen de piéger Wendbenedo. Ils avaient pris une femme en flagrant délit d’adultère. « Voilà, dis le plus jeune d’entre eux. Aujourd’hui, nous aurons l’occasion de montrer à tout le monde que ce Wendbenedo n’est qu’un charlatan ». Selon la loi de Moïse dans cette région où il vivait, lorsqu’une femme est prise en flagrant délit d’adultère, elle devrait être lapidée à mort. Dans la logique de Wendbenedo, tout peut se pardonner. Si ce n’est pas lui, qui peut accepter tendre sa joue gauche après avoir reçu une gifle sur la joue droite , qui d’autre le fera? Les savants attendaient donc qu’ils leur disent que la femme ne devrait pas être lapidée. Ce qui serait l’occasion pour eux de le condamner. En faisant cela, il serait accusé de de désobéir à la loi de Moïse celui qui a ouvert  la mer rouge et fait traverser le peuple d’Israël. Mais si Wendbenedo leur disait de lapider cette femme, il serait en contradiction avec ce qu’il dit lui-même. Dilemme cornélien !

Ils traînèrent la femme jusqu’à lui. Il  était accroupi. Le plus jeune était celui qui tenait la femme. Il la jeta devant lui

–  Wendbenedo, toi qui es si intelligent, toi qui connais tout, toi qui prétends être le fils de Dieu, nous avons trouvé cette pétasse en flagrant délit. Selon la loi de Moïse, il faut la lapider, mais selon toi que faut-il faire ? Nous t’écoutons… fils de Dieu. Fit-il en ricanant.

Ceux qui étaient avec lui riaient aussi. Comme s’il n’avait pas entendu, Wendbenedo se mit à écrire sur le sol. Il entendit même quelqu’un qui était venu écouter ses prêches dire : « aujourd’hui, c’est foutu pour le seigneur ».

Un autre savant, s’approcha de lui et dit ceci : «  Héé, toi là, tu n’entends pas ? C’est à toi qu’on parle. On ne t’a pas appris à répondre aux gens ? Impoli là ».

Wendbenedo garda son calme légendaire. Il les regarda, remua sa tête comme pour dire « ce n’est pas possible. Ils me font rire ces gars-là » et il sourit. Cela illumina son visage angélique. Il se releva les regarda du haut vers le bas. « Vous voulez que je vous réponde ? Souvent, j’ai du mal à vous comprendre. Est-ce qu’il y a quelque chose de compliquer dans tout ça ? Celui d’entre vous qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ». Il s’accroupit à nouveau et se remit à écrire.

Cette réponse glaça les savants qui se regardaient sans savoir ce qu’il fallait faire. Ils étaient surpris par la réponse, eux qui s’apprêtaient à le confondre. Ils se rendirent compte qu’ils n’étaient pas saints eux-mêmes. Ils se rappelèrent les pêchés qu’ils ont commis et pour lesquels, ils auraient pu subir des supplices. Alors, le plus vieux s’en alla d’abord la tête basse comme s’il se disait « mais ce petit nous a bien eu ». Ils se suivirent ainsi du plus vieux au plus jeune.

Jésus toujours accroupie avait face à lui la femme prise en adultère. Il était comme surpris de la voir devant lui.

-Où sont-ils ceux qui t’accusaient ?

– Ils sont partis répondit la femme toute tremblante

– Ha bon ? Donc personne ne t’a condamné ?

– Non… Personne

– Pas de problème. Moi non plus je ne te condamne pas. Vas ne pêche plus.

La femme se dit à son intérieur : «  wayiii, même si tu n’avais rien dit, je n’oserais pas recommencer. On ne marche pas deux fois sur les… Dieu me garde de dire cela après ce à quoi je viens d’échapper. On ne marche pas deux fois sur les pieds d’un aveugle ».

De l’autre côté, les savants repensaient à cette leçon.

–       Mais le petit là nous a eu dè !

–       C’est vrai. Il a voulu nous dire d’enlever la poudre qui dans notre œil d’abord.

–       Mais ce n’est pas fini. Il faut qu’on se venge de cette humiliation.

Ils se remirent à préparer un autre plan pour avoir Wendbenedo.

NB:Wendbenedo signifie en langue mooré parlée au Burkina: « Dieu avec nous ».

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Commentaires

Jules
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Cool. J'ai aime l'humour. Je vois une maniere de nous raconter la vie de Jesus comme s'il avait vecu en Afrique

Boukari Ouédraogo
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merci bien

nandy
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Très belle histoire :), mon frère. Petite correction Wendbenedo disait pouvoir rebâtir le temple en 3 jours ( jean2,19) au lieu de 7 comme écrit dans l'article.
Que Dieu vous bénisse Wendbenedo revient bientôt , puisse t-il nous trouver prêt.

Boukari Ouédraogo
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