Black Soul, l’animateur qui soigne par le reggae

Article : Black Soul, l’animateur qui soigne par le reggae
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10 septembre 2012

Black Soul, l’animateur qui soigne par le reggae

Vendredi 7 septembre 2012. 20 heures temps universel à Ouagadougou. Après cinq minutes de pub, une voix grave et rock entonne un « assalam allekoum » sur les antennes de la 105.2.  C’est la voix de Black Soul, un animateur de la Radio Ouaga Fm. En plus du générique de l’émission, cette voix est facilement reconnaissable et annonce l’émission « Reggae Time ». Black Soul, récemment animateur de l’émission « Reggaesoundflash » sur « Radio Campus » officie désormais sur cette station. Découverte de cet animateur engagé.

L’animateur Black Soul

Son look n’annonce rien d’un adepte du rastafari ou même du reggae. Cheveux toujours bien coiffés, chemise (ou souvent en tee-shirt) et pantalon bien repassé, rien ne laisse deviner qu’il s’agit du jeune animateur de « reggae time » sur la radio Ouaga fm. L’émission dure 2 heures. Mais en plus d’elle, il anime une autre les dimanches à partir de 11 heures à savoir « Rasta Spirit ». Black Soul de son vrai nom Souleymane Koanda, a conquit la capitale burkinabè par son discours engagé, ses messages de sensibilisation et de conscientisation. Chaque instant d’animation se présente pour lui comme un médecin qui reçoit ses patients. « Je considère la musique reggae comme une clinique pour soigner les esprits» affirme Black Soul. Pas de public cible prédéfini. Il s’attaque et s’adresse à tout le monde : commerçants véreux, étudiants abonnés aux grèves, inscrits dans des luttes insensées, les politiciens, le système d’oppression etc.

Black Soul s’inscrit dans une logique de liberté d’expression. Ce qui a emmené certains de ses auditeurs à le surnommer « freedom fighter ». Il se dit obligé d’avoir un discours engagé parce que le reggae lui même à la base est engagé. Celui qui veut animer une émission de reggae doit aussi être engagé. Black Soul ne se contente pas de critiquer. Mais fait des propositions  pour sortir la jeunesse du système oppresseur. La popularité de cet animateur se mesure à travers les ruelles de Ouagadougou à partir des heures de ses émissions, dans les kiosques, les boutiques, les marchés, les magasins et autres lieux. Les nombreux appels téléphoniques, messages envoyés à l’antenne pendant l’émission sont des exemples illustratifs. Malgré tout, celui qui dit soigné par le reggae s’illustre par sa discrétion.

Des débuts difficiles

C’est en tant qu’étudiant en communication et journalisme de l’Université de Ouagadougou que Black Soul apprend  à animer des émissions reggae sur la Radio Campus. « C’était le 11 mai 2009, j’étais encore en 2ème année. Je voulais animer une émission à l’occasion de l’anniversaire de la disparation de Bob Marley. Ce jour là j’ai raté mon émission parce que je n’ai reçu qu’un seul message sur le téléphone portable. Aucun appel » se souvient Black Soul. Le jeune débutant a commis une erreur qui a coûté cher ce jour là. Lui qui n’avait jamais eu de contact avec une console avait omis d’activé son micro. Pendant près de 30 mn, aucun auditeur ne l’entendait. Une semaine après, il se voit confier l’animation de l’émission « Reggaesoundlflash » par l’animateur habituel Guigs’ty. Nouvel échec. « Je n’ai presque pas reçu de message alors que lorsque Guigs’ty animait, il ne pouvait pas finir de lire tous les messages qu’il recevait sur le portable. Le téléphone crépitait sans cesse » reconnait Black Soul qui ajoute qu’il s’est mis à l’animation juste parce qu’il aimait la radio. Conscient de ses insuffisances il se cultive à travers la lecture et en écoutant des animateurs comme Sam s K le Jah la référence à l’époque en matière d’animation d’émission reggae.

La comparaison avec Sams’ K le Jah

Après avoir appris en écoutant les autres animateurs, Black Soul commencent à imposer sa marque à petits pas. L’animateur principal de «Reggaesoundflahs » Guigs’ty lui cède sa place. Après quelques semaines d’adaptation, il conquiert ses auditeurs. Mais, cette percée va connaitre un obstacle à cause de la comparaison faite avec Sams’ K le Jah qui à l’époque était sur la station Ouaga Fm. Même s’il reconnait s’être aussi inspiré de lui, Black Soul pense qu’ils n’animent pas de la même manière. Certains auditeurs n’hésitaient pas à lui dire en direct qu’il ne faisait que copier Sams’ K le Jah. Des critiques qui n’ébranlent nullement sa motivation. « Sam’s K le Jah est un rasta alors que moi, je suis juste un animateur d’émission reggae. Je ne m’hasarde pas dans le rastafari pur parce que je ne maitrise pas ce sujet. Je suis juste un animateur. Je tire mon message de l’actualité et ma playlist est programmée en fonction de l’actualité du moment. C’est en fonction de l’actualité que je fais passer mon message» et d’ajouter : « On peut être animateur d’émission reggae sans être rasta ». Pour Black Soul, Sams ‘ K le Jah a été un modèle pour lui. «  Je le respecte beaucoup et je me suis aussi inspiré de lui mais j’ai ajouté ma dose car chacun doit avoir sa voie » fait-il savoir.

De l’animateur bénévole à la Radio Campus, Black Soul est contacté par Ouaga Fm au mois de juillet 2012. Cette station, à la recherche d’un animateur depuis le départ de Sams’ K le Jah, sur de mauvais termes lui propose d’animer  deux émissions aussi. Alors qu’il s’attendait à un accueil favorable des auditeurs étant dit qu’il s’était déjà fait un nom, certains inconditionnels de Radio Campus conçoivent mal qu’il anime sur une autre antenne. D’autres auditeurs estimaient que personne ne devait plus jamais animer à Ouaga fm depuis le départ du départ de Sam’s K le Jah de cette radio. « Certains m’ont même dit que je ne pourrais plus critiquer comme je le faisais à Radio Campus. Pour eux, si je le fais, je serai chassé de Ouaga Fm » révèle  Black Soul. Il affirme ne pas vouloir s’ingérer dans le différent qui a opposé Ouaga fm à Sams’ K le Jah. Mais, celui qui a une formation de journaliste dit connaitre les règles de déontologie et d’éthique du monde des médias et compte les respectér tout en mettant en avant sa responsabilité sociale.

Le micro au service de la société

Black Soul reste convaincu que le reggae peut contribuer au développement de l’Afrique et du Burkina Faso en particulier. Selon ses affirmations, ses messages de sensibilisation peuvent contribuer à faire comprendre aux citoyens que leur avenir leur appartient. Dans un système démocratique, Black Soul estime que les Burkinabè n’ont pas encore pris conscience du rôle qu’ils ont à jouer pour le développement du pays et dans la prise des décisions. C’est pourquoi, il s’en prend souvent aux élèves et étudiants paresseux, à ceux qui attendent toujours de l’aide de l’Etat et à tous ceux qui au lieu d’oser se morfonde dans leur coin. Il fustige le manque d’activisme  des jeunes qui pour lui n’osent pas assez. C’est aussi ce qui fait la popularité de Black Soul parce que ne s’attaquant pas uniquement aux élites mais aussi la classe populaire.

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Commentaires

KINDA
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un bel article!

JEAN BAPTISTE KOUADIO
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En dehors de la promotion que vous lui faite il n'y a rien de nouveau car les animateurs comme lui on en trouve un peu partout.
En ce qui concerne le reggae c'est un rythme qui est très prisé dans ce pays alors il suffit de s'y intéresser et c'est tout
cependant je le félicite pour son travail et lui souhaite la bienvenue dans cet univers ingrat de la communication surtout de l'audiovisuel

Hermann
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le blog est intéressant. il y a de la matière. mais il faut penser à raccourcir les articles. des articles courts sont beaucoup plus incisifs et laisse un bon goût aux lecteurs à la fin.

gregoire
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au nomment ou la France attachait le mali que faisait nos présidents africains pour tant la France est contre le développement africain quel est objectif de la France a le-gare de l’Afrique, et la deuxième conférence de Berlin se reposait sur quel thème? selon nous c'est des jeux de bla bla