Euro 2012 : ambiance de Portugal # Espagne dans une « maison canal » à Ouagadougou

Article : Euro 2012 : ambiance de Portugal # Espagne dans une « maison canal » à Ouagadougou
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28 juin 2012

Euro 2012 : ambiance de Portugal # Espagne dans une « maison canal » à Ouagadougou

Comme les matches de la Coupe d’Afrique des Nations, ceux de l’Euro sont aussi attendus par les Africains et les Burkinabè en particulier. A l’occasion des demi-finales de cette compétition, l’Espagne, championne en titre jouait contre son voisin le Portugal le mercredi 27 juin 2012. Une demi-finale qui s’annonçait comme un classico entre le Barça et le Réal Madrid. Nous avons suivi ce match dans une « maison Canal ».

La joie des espagnols après la qualification

18h42mn lorsque nous arrivons dans la « maison canal » située juste à côté de la station total en face de l’avenue Charles de Gaules de Ouagadougou. A l’écran, l’équipe d’Espagne est concentrée pour l’exécution de l’hymne national à savoir « la marche royale ». Ce qui me surprend, c’est que la salle est presque vide. Elle  compte trois rangés de banc pour permettre aux téléspectateurs de s’assoir. Seule la rangé du milieu est à moitié occupée par quelques supporters en plein discussion tandis que le gérant panier en main encaisse. Pourtant, les jours de grands matches, il faut être présent au minimum 30 mn avant le début de la rencontre pour espérer s’assoir dans la rangé du milieu et être en face de la télé ou espérer être à la première place. Je m’assis sur la rangée de gauche où il n’y avait personne. Je payais ensuite 150 francs CFA au gérant qui, pour une autre surprise, n’avait pas augmenté le prix du ticket.

Au Burkina, lorsqu’on parle d’une « maison canal », il s’agit d’une salle ou sont retransmis les matches des championnats européens et à certaines occasions de compétitions de coupes continentales qui ne sont en générales par diffusés  à la télévision nationale. Même si le match est retransmis par la chaine nationale, certains préfèrent les regarder dans « les maisons canal » à cause de l’ambiance qui y règne et aussi parce qu’ils jugent que les commentateurs de Canal+ sont les meilleurs. D’ailleurs, ces salles doivent leur nom à cette chaine sportive française. Et pour pouvoir ces compétitions européennes et parfois africaines, il faut s’abonner à Canal Sat Horizon.

Revenons au match. Si au début, la salle était vide, elle s’est rapidement remplie près de 5 mn après le début du match. Apparemment, la chaine nationale n’a pas retransmis le match. Les retardataires forcent souvent le passage pour essayer de s’assoir aux premières places. Ils cachent momentanément les spectateurs déjà assis malgré les trois écrans de la salle. Ces derniers n’hésitent pas à lancer des injures du genre : « toi là, dégage ». Comme un dindon,  le fautif dandine pour se frayer un passage le plus rapidement pour ne pas encaisser d’autres injures. « Il n’y a plus de place devant et ils veulent forcer », monologue mon voisin de gauche. Pendant la moitié de la première période, certains supporters qui essayaient de se frayer un passage pour poser une fesse sur les premières places se font insulter. Certains supporters sont habillés aux couleurs du FC Barcelone. Je remarque particulièrement deux devant moi avec le maillot de Iniesta. Je pus voir après un autre gars avec le fameux maillot rouge de Real où est marqué le dossard 7 avec le nom de Ronaldo.

« Le Portugal va gagner »

« Le Portugal est-il capable de renverser la montagne espagnole, la Roya ?» A cette question de l’un des commentateurs du match, un supporter assis derrière répond « ce n’est pas ici » comme si la question lui était adressée ou comme s’il était sur le terrain. Après cinq minutes de jeu, le Portugal tente de mettre le pied sur le ballon. 12ème minute, Ronaldo déborde sur l’aile gauche et centre le ballon que capte Cassilas le portier de l’équipe d’Espagne au dessus de la tête d’un joueur portugais. Les supporters du Portugal timides jusque là applaudissent. La confiance est là. « Les Espagnols croyaient qu’ils allaient nous écraser. Mais ce ne sera pas ici. Il n’y a personne dans cette équipe d’Espagne pour arrêter Ronaldo. La France c’est pas le Portugal » entendis-je dire dans mon dos. L’autre qui devrait être son voisin répliqua : « c’est quel espagnol qui t’a dit ça ? ». « C’est ce qu’ils croyaient » répondit-il vaguement. « Le supporter qui t’a dit ça ne connait pas le football. C’est le Portugal, ce n’est pas n’importe quelle équipe hein »  et l’autre de conclure la discussion sur ce sujet : « de toutes les façons, nous (Portugal) on va battre l’Espagne ».

Comme à son habitude, l’Espagne essaie de monopoliser le ballon et étale de belles séquences de jeu. Les supporters de la Roya ne peuvent s’empêcher d’applaudir et surtout de crier « Barça ! Barça ! Barça ! »  J’entendis quelqu’un même dire dans la salle d’où montaient une chaleur suffocante, « Si Messi était né espagnol… » Arbeloa et Iniesta, arrachent des « merdes ! » aux supporters après deux occasions de buts manquées. Presque tous les coups de sifflet des arbitres sont commentés. Les supporters dont l’équipe ne bénéficie pas de la faute pensent être lésés même sur les fautes les plus évidentes. « Arbitre, c’est quoi ça ? », « Arbitre est-ce une faute à siffler ça ?», «  arbitre, ça ne vaut pas le coup de donner un carton » etc., Lorsque le réalisateur fait un gros plan sur des joueurs tels que Ronaldo, Nani, Pépé (Portugal) ou sur Iniesta, Xavi, Cassilas (Espagne), des applaudissements viennent encore alourdir l’atmosphère accompagné d’une forte odeur de sueur. Les supporters de l’équipe du Portugal crient le nom de Pepe lorsqu’un défenseur de cette formation dégage une balle ou s’interpose devant un joueur espagnol. Il est vu comme le symbole de la défense portugaise. Il s’agit aussi d’une façon de se moquer des autres et de dire qu’ils l’aiment malgré les actes d’anti-jeu  du défenseur. Mais Pepe a fait un bon match.

La France au menu des discussions

A la mi-temps, la salle se vide un peu. Les uns sont allés libérer leur vessie, d’autres sont sortis prendre de l’air ou boire un peu d’eau. Quelques uns se lèvent pour soulager  leur fesse endurcie pour avoir passé 45 minutes collés sur un banc. Le football passionne  par ici et les discussions ne tournent pas seulement autour de cette rencontre.
–    Aujourd’hui là, Ronaldo va éliminer l’Espagne
–     Toi là, tu ne peux pas parler ici. Nous (Espagne), on vous (France) a éliminé en quart de finale donc tu ne peux pas parler ici.
–    C’est parce que Laurent  Blanc a fait un mauvais classement sinon nous allions battre les espagnols
–    Ce n’est pas Laurent Blanc seulement. Les journalistes Français ne sont pas sérieux. Ils aiment trop les polémiques. De simples discussions chaudes dans les vestiaires, ils en ont fait un problème.
–    Là, tu as raison. Je pense qu’ils en voulaient à Nasri après son geste après son but contre l’Angleterre…

Sur l’écran, le match a repris. Les spectateurs reprennent leur place. Entre temps, la tension monte dans la rangée du milieu. Un gars s’est assis à la place d’une autre personne. Les injures fussent. Ils cachent d’ailleurs ceux qui sont assis derrière eux qui n’hésitent pas à leur crier dessus à leur tour. Ils finissent par s’entendre. Cette scène était prévisible. Il y a des toujours de petites bagarres de ce genres. « Comprenez-les. C’est la tension du match. Ça chauffe sur le terrain, il fait chaud aussi donc l’adrénaline monte facilement » fit quelqu’un avec humour. Cette deuxième mi-temps est vécue comme la première. On n’entend presque pas les voix des commentateurs. Les discussions, les applaudissements, les protestations contre  l’arbitrage prennent le dessus. Lorsqu’on va dans une « maison canal », on s’attend toujours à cela. L’ambiance est meilleure.

Tirs au but pour départager les deux camps

Le temps réglementaire s’achève par le même score de zéro but partout. Place aux prolongations. Quand, l’arbitre siffle la fin de cette partie, les supporters du Portugal sautent de joie. La première bataille est gagnée. Pour eux, si CR7 et ses amis sont arrivés à tenir la meilleure équipe du monde en échec, ils gagneront lors de la séance de tirs au but. Le crie de joie est bien sûr compréhensible surtout lorsque le tir premier espagnol de Xabi Alonso est capté par le gardien portugais. « Hourra !!! On vous a pas dit ? ». Puis certains commencèrent à chanter « Adieu Espagne ! ». Mais c’était sans compter avec la loi du football qui dit tant que l’arbitre n’a pas sifflet la fin de la rencontre il ne faut pas crier victoire. Casillas va aussi se mettre en évidence en arrêtant le tir du premier tireur portugais Moutinho. Là, ce sont les supporters espagnols qui sautent de joie. On crie : « Casillas ! Cassilas ! »  Iniesta, Pepe, Piqué et Nani marquent à leur tour. Ramos s’offre une palencas. Puis vint le tour de Bruno Alves. Lorsqu’il part prendre le ballon, des cris désapprobation montèrent de « la maison canal ». « Lui là, il rate », cria quelqu’un dans la salle. Effectivement, Bruno Alves rate son tir. Vous pouvez déjà imaginer l’ambiance dans la salle. Les cris qui l’envahir n’étaient pas des cris de… joie mais des cris de victoires surtout que c’est Fabregas qui devait se lancer. « Oyé, oyé oyé, oyééé oyééé ». Mais comme dit plus haut, tant que l’arbitre n’a pas sifflet la fin de la rencontre, il ne faut pas crier victoire.

Si Fabregas marque, c’est la fin de la séance des tirs au but. L’Espagne obtient son ticket pour la finale. Ce sera la première fois après la RFA qu’une équipe joue trois finales consécutives dans une compétition majeure. Le sociétaire du FC Barcelone se lance, il tire sur le côté gauche. Patricio plonge du bon côté. Le ballon lui échappe et ricoche sur son montant droit. A cet instant, on imagine, on sent les supporters du Portugal qui s’apprêtent à cirer un ouf de soulagement. Mais, les dieux du foot avaient choisi leur camp : l’Espagne. Le ballon qui a ricochet sur le poteau droit franchi néanmoins la ligne de but. Le dernier tireur du Portugal, Ronaldo ne pourra pas tenter sa chance. Fin Du suspens. C’est la liesse dans la salle avec des « Dieu merci ! ». Les supporters de la Roya se congratulent tandis que ceux du Portugal quittent rapidement la salle.  Après avoir visionné les dernières images de cette retransmission les « espagnoles » quittent « la maison canal » et regagnent leurs domiciles avec des coups de klaxons pour fêter cette victoire. Le rendez-vous est donné pour le lendemain pour connaitre l’adversaire de l’Espagne en finale dans l’autre demi-finale qui va opposer l’Allemagne à l’Italie.

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