Amnisties aux anciens présidents, création de sénat : le « ting tang » de Blaise Compaoré

Article : Amnisties aux anciens présidents, création de sénat : le « ting tang » de Blaise Compaoré
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13 juin 2012

Amnisties aux anciens présidents, création de sénat : le « ting tang » de Blaise Compaoré

Les chefs d’États qui ont dirigé le Burkina Faso depuis son indépendance en 1960 bénéficient d’une amnistie suite à une loi votée le lundi 11 juin 2012 par l’Assemblée Nationale. Parmi ces anciens présidents, deux sont encore en vie (Saye Zerbo et Jean Baptiste Ouédraogo tous arrivés au pouvoir par coups d’États. Cette loi s’applique à l’actuel président du Faso Blaise Compaoré. L’Assemblée Nationale a voté celle portant création d’un sénat et celle fixe les limites d’âges (35 ans minimum et 75 ans maximum) pour les candidats aux élections présidentielles. Que veut faire le Président du Faso ? Tentatives de réponses.


Que prépare le président du Faso Blaise Compaoré ? C’est la question se posent bon nombre d’observateurs de la scène politique burkinabè après l’adoption  de certaines lois le lundi 11 juin 2012 par l’Assemblée Nationale. Il s’agit de la loi amnistiant les anciens chefs d’Etat.  Les anciens Présidents concernés par ces amnisties sont Saye Zerbo (entre 1980 et 1982) et Jean Baptiste Ouédraogo (Président entre 1892 et 1983) qui a gouverné le pays sous le nom de Haute Volta. Ces deux derniers sont arrivés au pouvoir à la suite de coups d’Etat tout comme Blaise Compaoré. En plus de cette loi, deux autres ont été votées portant création d’un sénat et les limitant l’âge de la candidature à la Présidence à 35 ans et 75 ans au maximum.  

Au départ, certains opposants au Président du Faso avaient estimé que l’amnistie que proposait le Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (CCRP) était une stratégie pour le Président Blaise Compaoré de se trouver une porte de sortie honorable à la fin de son mandat prévu en 2015.  En agissant de la sorte, il chercherait à  échapper à la justice. Les opposants évoquent les crimes commis sous la 4ème république. Exemple : la disparition du capitaine Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè. La proposition de cette loi avait donné des idées aux opposants de Blaise Compaoré qui se préparait déjà pour sa succession même s’ils y étaient opposés. Si ce dernier est un poids lourd (il a remporté les différentes élections avec des scores larges devant ses adversaires), les autres prétendants de son parti le Congrès Pour la Démocratie et le Progrès (CDP) seraient plus abordables en cas d’élection. Comme dans un championnat d’Afrique, les équipes au palmarès modeste, sans référence  prient pour éviter de tomber dans le même groupe que certains favoris avant le début même de la compétition. Cependant, une rumeur persistante fait savoir que Blaise Compaoré préparait son petit frère François Compaoré pour lui succéder. Une nouvelle qui ne plairait pas à certains barrons du CDP qui auraient même prévu de créer un autre parti.

Si les opposants sont contre l’amnistie aux anciens chefs d’Etats, ils sont aussi opposés à celle portant création du sénat, une autre recommandation du  CCRP. Cette fois-ci il ne s’agit  des mêmes raisons. Le sénat  a déjà existé au Burkina Faso. Il a été supprimé en 2001 jugé budgétivore et inutile. Sa résurrection est prévue pour 2013. Pour l’opposition burkinabè, la création du sénat est un moyen pour le chef de l’Etat  de caser certains cadres et ténors et militants du parti devenus trop nombreux. Il s’agit aussi d’un moyen de les satisfaire et d’avoir toujours la main mise sur eux. Il faudrait calmer ainsi l’ardeur de certains qui pourraient avoir des prétentions sur le fauteuil présidentielle, le mandat du Président du Faso arrivant à échéance en 2015. En procédant ainsi, il pourrait ainsi s’ouvrir la voie pour la course à la présidence avec l’intention de modifié l’article 37 qu’aucun article de la constitution n’interdit la modification. Donc la création du sénat peut être un processus vers la modification de l’article même sur le CCRP a recommandé qu’il ne change pas par manque de consensus.

Ce qui conforte les opposants dans leur position, c’est la limitation de l’âge des candidats à la Présidence qui est de 75 ans au maximum. Le Président du Faso est âgé de 60 ans. Tout cela ressemble à une astuce pour lui de se préparer  pour l’après 2015. Alors pourquoi le Président du Faso semble préparer une porte de sortie et chercherait en même temps à se présenter à en pour sa propre succession. Pourquoi les membres du CDP soutiendraient ces différentes lois s’ils s’opposaient à François Compaoré supposé succéder à son grand frère Si Blaise Compaoré veut bien se maintenir au pouvoir après 28 ans  de règne. A quoi répond la création du sénat?

Blaise Compaoré compte céder le pouvoir… pour un bout de temps

Ce que veut faire Blaise Compaoré est ambigüe. C’est ce qu’on appelle le « ting tang ». Au Burkina, lorsqu’on emploie l’expression « ting tang », c’est pour designer quelque chose de pas clair, une situation difficile à cerner, floue, difficile à expliquer. C’est aussi aller dans tous les sens ou tout tenter. C’est dans ce jeu que Blaise Compaoré semble embarquer ses opposants.

En essayant d’élaborer des pistes de réponses à ces différentes aux questions posées, la lecture de la situation peut être la suivante : le «  Blaiso » veut bien se prendre une petite retraite. Dans ce cas, le Président du Faso cherche à assurer ses arrières et passer une  retraite tranquille.  Certains mouvements de la société civile réclame justice pour des crimes commis pendant  la 4ème république. Il peut ne rien se reprocher mais en politique, il y a toujours des imprévus. En bon militaire et aussi en tant qu’excellent footballeur, Blaise Compaoré est rompu aux rouages de la tactique qu’il utilise bien en politique. Il sait bien qu’il faut souvent prendre les devants et que la meilleure manière de se défendre, c’est d’attaquer.
Ensuite, pour quitter le Palais de Kosyam, il lui faut une personne digne de confiance. En politique, il n’y a pas d’ami. Le « Blaiso » le sait bien. Alors qui mieux que son frère pour le remplacer ? Bien entendu, rien n’empêche ce dernier de se présenter comme . Il est citoyen comme tous les autres. Donc la supposée bagarre entre certains cadres du CDP s’opposant à François Compaoré peut être une manœuvre de diversion. Le Président du Faso a toujours su prendre de contre-pied des opposants. Sinon, pourquoi les députés de ce même partie, dont Roch Marc Christian Kaboré qui est le président de l’Assemblée Nationale, considéré comme le chef des opposants à François Compaoré, ont-ils voté la loi à l’unanimité ?

Une certaine opinion fait croire que le Président est en train de préparer le ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale Djibril Yipéné Bassolet ou le ministre des transports et de l’économie numérique Gilbert Noel Ouédraogo, l’allié de l’ADF/RDA pour lui succéder. Encore du flou ! Des fausses pistes peut-être.

Et  pour réussir son retour au cas il se prendrait une retraite, il peut toujours être éligible même après cinq ou dix ans. Il aura 73 ans à l’issue de deux mandats de son successeur.  Rien ne l’empêche. Ce serait une manière pour lui d’utiliser les failles de la constitution parce qu’aucun article n’empêche un ancien Président de se présenter à nouveau à une élection présidentielle. Voici donc l’interprétation que l’on peut  faire de l’adoption des différentes lois le 11 juin 2012 sans forcement modifié l’article 37 auquel les opposants conduits par leur chef de fil maitre Bénéwendé Sankara sont farouchement opposés.

Pour le moment Ces derniers ont du mal à lire la stratégie du chef de l’Etat et on choisi comme arme le boycott. Ils ont refusé de siéger aux assises du CCRP et aussi lors des votes des différents projets de loi. Leur manque de maitrise de la situation les emmène a demander à ce que le Blaise Compaoré dise ouvertement qu’il ne se représentera pas aux élections de 2015.

Il s’agirait d’une manière d’imiter le cas russe. Vladimir Poutine, après un mandat en tant que premier ministre est revenu reprendre les rennes du pouvoir. Il n’a pas violé la constitution et rien n’empêche Blaise Compaoré de faire pareil.

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Commentaires

Eric TRAORE
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Je pense que la création d'un sénat au Burkina Faso est utopique.Personnellement, je n'en voit pas la nécessité.Si notre assemblée nationale ne sert plus à rien, qu'on nous le fasse savoir tout en expliquant le bien fondé d'un sénat au Burkina.Pour des démocraties fédératives,un sénat trouve une raison mais pou des pays comme le notre.Je pense plutôt que c'est pour reloger les démissionnaires de l'assemblée actuelle qui ne sont autre que les mentors du parti au pouvoir.Compaoré a réussi à faire voter une amnistie pour lui.Je considère cela comme étant déjà une grande victoire.Qu'il se limite à cela pour l’intérêt supérieur de notre nation.Le pays n'est une orange.

Aurella
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Le Burkina Faso court à la dérive.
Le parti au pouvoir prend les citoyens pour des "nez percés". Ils ont supprimer en 2001 la deuxième chambre pour venir créer en 2013 un sénat, qui servira j'en suis sûr à repêcher ceux qui se sont noyer dans la politique CDP.