Menacer de prison pour un billet sur l’excision

15 août 2011

Menacer de prison pour un billet sur l’excision

Certains billets que nous produisons peuvent nous causer des soucis. J’ai failli aller en prison pour un billet publié sur mon blog et intitulé Excision, difficile d’arrêter l’hémorragie. Des commentateurs qui ne partageaient pas mon constat l’ont fait savoir au point que certains aient décidé de m’attraire en justice. Heureusement tout est entré dans l’ordre. Mais je partage avec vous quelques commentaires. L’un des commentaires, le dernier me demande de penser avec ma tête et non avec mes pieds. Les commentaires sont repris textuellement.

(source image: www.contre-dits.com)

Un extrait de mon billet.

La communauté internationale a célébré le dimanche 6 février 2011, la journée internationale de la lutte contre l’excision. Au pays des hommes intègres, malgré les campagnes de sensibilisation, la pratique reste fortement ancrée dans les mœurs, jusque même chez les plus intellectuels…

Monsieur Boukari Ouédraogo,

Le siège de votre article repose sur des affirmations gratuites et des contrevérités. Il a le mérite d’exposer votre ignorance à l’opinion publique nationale et internationales sur les stratégies et actions menées par le Burkina Faso en matière de promotion de l’élimination de la pratique de l’Excision. Votre attitude révèle une volonté manifeste de saper tous les efforts déployés par l’Etat burkinabé et les différents acteurs de la promotion de l’élimination de l’excision au Burkina Faso.
Savez vous que le Burkina Faso est plutôt engagé contre l’excision depuis plus d’une vingtaine d’années au lieu d’une dizaine d’années comme vous le dites? Avez vous des statistiques pour confirmer vos allégations? Avez vous le profil de ceux qui appellent sur la ligne verte au 80.00.11.12 « SOS Excision » pour dénoncer des cas d’excision ou des tentatives d’exciser? Avez vous connaissance des statistiques de cas d’excision transmise par les brigades de gendarmerie au Comité devenu maintenant Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision? Possédez vous les rapports trimestriels des cours et tribunaux sur les cas d’excision au Burkina Faso? Pouvez vous citer ces acteurs de la lutte engagés que devant les cameras et les micros? Avez vous connaissance de la possibilité pour les femmes porteuses de séquelles d’excision de pouvoir bénéficier d’une réparation chirurgicale? Avez vous connaissance de l’existence des patrouilles de sensibilisation et de dissuasion de la pratique de l’excision menées par les Brigades de Gendarmerie en collaboration avec les Directions Provinciales de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale? Avec vous connaissance de l’existence des noyaux relais dans les villages chargés de mener des actions éducatives en faveur de l’abandon total de l’excision? Avec vous connaissance de la synergie d’action créée par le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’ Excision en suscitant la création du réseau de leaders coutumiers et religieux pour l’élimination de la pratique de l’excision, du réseau des journalistes pour l’élimination de la pratique de l’excision, du réseau des Associations et ONG pour l’élimination de la pratique de l’excision, du réseau des Organisations Islamiques en Population et Développement pour l’élimination de la pratique de l’excision, du réseau droits humains et mutilations génitales féminines? Saviez vous que le Burkina Faso a été identifié par ses pairs à l’issue de la Conférence Interparlementaire de Dakar des 03 et 04 Mai 2010 comme pays leader devant porter devant la 65ème Assemblée Générale des Nations Unies, un projet de résolution pour l’interdiction mondiale des mutilations génitales féminines?
Bref, j’arrête la liste ici et je vous invite à apporter ces éléments de réponse dans votre blog car pour un futur journaliste qui écrit sur un sujet sans prendre le minimum d’informations sur la question, c’est très grave.
Pire, vous vous adonnez à des affirmations gratuites.
Pour terminer, je voudrais attirer votre attention sur la cybercriminalité et sur le risque que vous pourriez encourir de répondre d’éventuels délits en matière correctionnelle devant les juridictions nationales. Vous êtes donc tenus de publier dans votre site, le droit de réponse du Secrétariat Permanent Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision s’il juge utile de le faire. Renseignez vous auprès de vos enseignants (Pr Serge Théophile BALIMA, Dr Firmin GOUBA, Dr Nestorine SANGARE, Dr VOCOUMA pour ne citer que ceux là), ils vous diront que c’est encadré juridiquement au Burkina Faso et le Conseil Supérieur de la Communication veille au respect des dispositions législatives et règlementaires. Il ne suffit pas de créer son blog ou son site et poster des informations des contrevérités de nature à nuire ou à porter atteinte au rayonnement international de l’Etat. Si c’était vrai d’accord!

Ibrahim TALL

Armand Yameogo dit :

12 février 2011 à 23 h 11 min

Bonjour à tous,

Apres la lecture de l’article publié et de l’intervention à la fois pertinente et précieuse je dirais de M. Ibrahim Tall je crois que ma grande inquiétude s’est dissipé.

Sandrine Mano dit :

14 février 2011 à 8 h 57 min

je joinds ma voix à celle de Mr Ibrahim TALL pour vous dire qu’avant de vouloir cuaser au hasard il faut avoir des idées bien fondées.connaissez vous me nombre de femmes qui ont été en prison juste pour ces deux mois je totalise 10.le premier jugement a eu lieu le 04 janvier on a enfermé 08 et le 27 janvier on a enfermé 02.les statistiques des juriductions que je reçois chaque trmestre me rejouis le coeur et en plus je serai obligé à cette allure de poser une plainte contre vous.connaissez vous les efforts que pose l’état en faveur de l’élimination de la pratique de l’excision,le parteniares techniques et financiers,les reseaux, les associations toutes ces personnes mobilisées contre l’excision.et je tiens à vous rappeller égaelement que le BURKINA FASO a toujours été une reférence en matière de promotion de l’élimination de la pratique de l’excision plein de pays je n’ose cité ne maitrise rien en la matière et ne savent pas quoi faire contre ça.lisez les statistiques qui cherche trouve je vous rappelle un bon journaliste c’est celui qui part à la bases chercher les informations avant de parler pour ne pas un jour avoir le monde sur le dos.pensez avec votre tête ne pensez pas avec vos pieds

 

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Charles Lebon
Répondre

Salut mon frère,

J'ai lu ton billet avec beaucoup de gravité et d'humour.

Gravité car on s'en prend à toi, jeune africain soucieux de participer au développement réel de ton pays, et courageusement parfois loin des vitres fumées, et des pots de champagne autour desquelles, on ragotent à coup d'argument statistique pour plaire à la Communauté internationale et se donner une bonne conscience.

D'autre part avec beaucoup d'humour concernant ce commentaire savant de M. TALL. A lire Ibrahim TALL, il devrait être un grand savant en effet!

Cependant, la longue dithyrambe qu'il fait à l'endroit des efforts que ferait l’État , prouve bien que le problème est d'une ampleur inégalée: à lire seulement les "si" de son texte.

En somme, je crois qu'entre ceux qui veulent développer l'Afrique en louant les actes des régimes et nous jeunes Africains épris d'une Afrique nouvelle, décidés à crever l'abcès, il y a effectivement un écart abyssal.

polycarpe
Répondre

Mon cher ami je suis vraiment touché par tes événements mais pour prononcer la parole il faut tourner la langue cent fois et toutes vérité n'est pas bonne à dire. nous sommes en voie de démocratie.

basidou
Répondre

Formuler une plainte contre lui en vertu de quoi? Si vous travaillez à l'élimination de l’excision, tant mieux! Si réellement on travaille à l'élimination de ce fléau, on n'a pas besoin de s'en prendre à l'auteur de ce billet. Je pense que criez sur l'auteur de billet traduit un certain problème dans la lutte de ce fléau dont on tous qu'il est une source de revenu pour beaucoup d'acteurs qui y interviennent.
L'arbre ne doit pas cacher la forêt. Il y a des intellectuels qui combattent le fléau en public mais se cachent pour aller la pratiquer parce que leur coutume ou leur tradition l'exige. Courage à toi Boukari. ça veut dire que tu as tapé dans la fourmilière ou plutôt tu as plongé le couteau dans la plaie.