Mutinerie au Burkina : radier les militaires « voyous » n’est pas la bonne solution

19 juillet 2011

Mutinerie au Burkina : radier les militaires « voyous » n’est pas la bonne solution

Après les nombreuses mutineries de militaires qui ont secoué le Burkina Faso pendant près de trois mois (entre mars et mai 2011), l’armée vient de décider du licenciement de 556 militaires de l’armée. Même si des sanctions étaient attendues, celles-ci semblent sévères car ce licenciement ressemble  à la libération de 556 bandits.

Les militaires arrêtés à Bobo (ph Observateur Paalga)

Le colonel Honoré Nabéré Traoré, chef d’Etat major général de l’armée (ancien président de la Fédération Burkinabè de Football) a confirmé la radiation de 566 militaires parmi lesquels des éléments du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) et des femmes. Si certains ont applaudit d’autres n’ont pas apprécié les sanctions prises par la hiérarchie militaire. Radier près de 600 militaires de l’armée nationale, c’est exposer le pays à de nouveaux délinquants. Ces derniers qui ont appris le maniement des armes et certaines stratégies militaires pourraient devenir des bandits de grand chemin, sans état d’âme. Ils ont déjà prouvé ce dont ils sont capables.

Toutes les armes volées n’ont surement pas été remises. Avec la crise en Côte d’Ivoire, pays voisin du Burkina, de nombreuses armes sont encore en circulation. Celles-ci peuvent un jour ou l’autre tomber dans les mains de ces radiés de l’armée et bonjour les dégâts. Déjà, des hommes de tenues sont souvent accusés de travailler aux côtés des coupeurs de route. Le gouvernement met la population et lui même en danger.

Selon les rumeurs près de 1000 policiers pourraient être radiés dans les prochains jours ainsi que des gendarmes. Si tout cela s’avérait, les Burkinabè ne dormiraient que d’une oreille car à tout moment, ces derniers qui n’auront plus rien à faire pourraient s’organiser en bandes pour attaquer la population.

Les militaires radiés ont toujours des amis dans l’armée et ces derniers pourraient être leurs complices dans d’autres actes répréhensibles. Les Burkinabè veulent des sanctions contre les militaires mais les relâcherde cette manière dans la nature s’avère dangereux. Personne ne voudra embaucher de telles personnes après tout ce qu’ils ont commis comme « atrocité » au Burkina Faso. S’opposer à ces sanctions n’est pas un soutien aux mutins. Les Burkinabè ont d’ailleurs été surpris de voir des femmes dont les associations féminines ont toujours vanté la sensibilité, terrorisé la population comme dans des films. Le chef d’État-major général des armées déclarait lors d’une conférence de presse que personne n’enverra son bandit dans l’armée. Ce qui signifie que la hiérarchie était consciente que l’armée était un repère de bandits!

Le Président du Burkina Faso Blaise Compaoré a utilisé la manière forte pour venir à bout de la mutinerie des militaires de Bobo Dioulasso le mardi 31 mai 2011. Pendant deux jours, une partie des militaires de cette ville (la deuxième du Burkina) ont pris la ville en otage, avec des armes à feu, ces derniers se sont donné à des actes de vandalisme, de pillages, de vols, de viols etc. Plus que la population de Bobo Dioulasso, c’est tout le Burkina qui était pris de panique ce jour là. En plus cette mutinerie fut la plus longue de toutes. Pendant deux jours les mutins de Bobo Dioulasso ont traumatisé la population. Selon des témoignages, des sœurs religieuses ont été violées. « Ce qui le fait mal, c’est certains étaient nos amis ici. On causait ensemble, malgré tout, ils sont venus piller mon magasin » a-t-on entendu. Les supermarchés, les magasins, les biens publics et privés ont été la cible des mutins.

Pourtant, ces derniers n’avaient pas de revendications claires car presque toutes leurs plateformes avaient été prises en compte par le gouvernement. Des négociations avec le gouvernement et le Président du Faso, devenu également ministre de la défense avait permis de créer un cadre de concertation entre les militaires et leur hiérarchie. Certaines scènes de pillages à Ouagadougou, par exemple l’orphelinat Home Kisito avait été pillé par les mutins emportant tout l’argent qu’il y avait dans la pharmacie. Tout cela avait écœuré la population même si certaines revendications des militaires étaient légitimes. Les mutineries ont permis de savoir qu’il y avait des problèmes dans l’armée et que les militaires n’étaient pas traités comme on le pensait.

Cependant, au vu de tout ce qui s’est passé, c’est le mode de recrutement et de formation des militaires qu’il faut revoir. Lorsque vous causez avec certains, ils vous disent qu’ils ont été formés pour tuer « voilà pourquoi le béret est rouge ».

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Commentaires

delco
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pourquoi si ce sont des militaires on pense expose le pays à la délinquance? à moins qu'ils étaient des délinquants avant l'armée ou encore sous la tenue.
merci.

Malterre
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Bonjour, je suis journaliste aux Observateurs de France 24 et j'aurais souhaité savoir qui a pris cette photo.
Par avance, merci

Ségolène Malterre

Géopolitique
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bonjour, je voudrais savoir quelle est la situation actuelle de ces militaires radiés. en octobre dernier également il y a eu une mutinerie suivie de mouvements sociaux. comment a été gérée la crise au final? et que devrait faire le gouvernement de ces militaires coupables de mutinerie? à défaut d'un licenciement risqué à raison?
merci.

Boukari Ouédraogo
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Le changement de gouvernement avec la nomination du d'un nouveau premier ministre Luc Adolphe Tiao, ancien journaliste et ancien président du conseil du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) qui a fait l'unanimité auprès des journalistes a apaisé la situation. L’intervention du régiment de sécurité présidentielle a contribuer à mettre fin à cette série de mutinerie. Les policiers incriminés dans l'affaire Justin Zongo du jeune élève tué à Koudougou a contribué à atténué la situation. Certains maires ont été relevés de leur fonction et les populations ont l'impression d'être écoutés. Pour les militaires radiés, rien n'est dit. Mais selon Dame Rumeur, ils devraient être réintégrés d'une façon non officielle. Le gouvernement affirme continuer les enquêtes pour dénicher des brebis galeux. Alors on attend de voir. Sinon, le gouvernement burkinabè continuer de trouver des solutions à ce problème