Mutinérie de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) : que veulent les policiers mutins ?

29 avril 2011

Mutinérie de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) : que veulent les policiers mutins ?

Une fois de plus, une mutinerie au Burkina Faso. Après les militaires les jours passés, les policiers de la Compagnie Républicaine de la Sécurité (CRS) du Burkina Faso ont fait retentir les armes. Une mutinerie qui intervient alors que le gouvernement négocie avec les différents corps militaires et paramilitaires pour répondre plus convenablement à leurs revendications déjà satisfaites!

Les policiers ont aussi pris les armes pour revendiquer de meilleures conditions de travail

Les riverains des quartiers situés à l’Est de Ouagadougou, Dassasgho, et en particulier du camp de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) n’ont pas dormi durant la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 avril. Après les militaires, les policiers ont à leur tour troublé le sommeil des Ouagalais à travers des tirs bien nourris. Ils ont débuté précisément à 21 heures 40, soit 20 minutes avant le début du couvre-feu instauré dans toute la commune de Ouagadougou. Les tirs se sont arrêtés à 23 heures 40 avant de reprendre à 00 heures 40. Coïncidence ?

C’est vrai, les Burkinabè sont habitués aux tirs ces derniers jours. La surprise, il s’agit cette fois-ci des policiers du CRS. Jusque là, ce sont uniquement les militaires (dont le régiment de sécurité présidentielle, la garde personnelle du President Blaise Compaoré) qui s’étaient illustrés à travers des pillages de magasins, de supermarchés, de stations d’essence etc. La question qui se pose en ce moment est de savoir ce que veulent les policiers. Depuis le mois de mars, le Président du Faso Blaise Compaoré a entamé des discussions avec tous les corps militaires paramilitaires pour répondre aux revendications de ces derniers. Les négociations continuent toujours. Bien avant, des rumeurs circulaient sur une manifestation des militaires dans la journée du mercredi 27 avril 2011. Dans la nuit, le nouveau chef d’Etat major des armées, Honoré Nabéré Traoré, a démenti cette rumeur, et affirmait que les militaires reconnaissaient qu’ils étaient allés trop loin. Le 27 avril se terminait donc dans le calme avant d’être perturbé par cette sortie imprévisible de la CRS.

Les militaires payés, les policiers non

Il était nécessaire de revenir sur ces faits avant de donner les raisons de la mauvaise humeur des policiers. Officiellement, l’on sait que les policiers exigent le départ de certains de leurs chefs hiérachiques. Une preuve de plus que la fracture est grande entre les sulbaternes et les supérieurs hiérchiques dans le milieu des corps habillés au Burkina. Nous pouvons dire que le President du Faso a commi une erreur en limogeant certains chefs des forces armées sans tenir compte des paramilitaires. Selon certaines sources, la réaction des policiers s’explique aussi par le fait qu’ils ne sont pas traités au même titre que les militaires. En parlant des revendications salariales et de primes, les militaires, les gendarmes, les éléments de la garde de sécurité pénitentiaire (GSP) auraient constaté que les revendications des différents corps ont été prises en compte sauf celles des policiers. Ceci serait la première raison de la colère. Il semble que ces derniers n’ont pas remarqué de changement particulier sur leur bulletin de paiement.
Une autre plainte des policiers est relative à l’emprisonnement de leurs amis après la mort de l’élève Justin Zongo à Koudougou. Ils ne comprendraient pas pourquoi les cinq militaires qui avaient trainé un civil nu dans les rues de Ouagadougou soient en liberté provisoire alors que les deux policiers soupçonnés du meurtre de Justin Zongo sont toujours détenus à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO). Il y aurait selon eux deux poids, deux mesures.

Cette mutinerie peut bien s’expliquer par le silence dans lequel la police s’est murée depuis les manifestations né de la mort de Justin Zongo. Les manifestants ont brûlé des commissariats dans les villes de Ouagadougou (la capitale), Ouahigouya Dori (nord). La veille de cette mutinérie, le siège de la police municipale de Koudougou avait été brûlé par des commerçants qui protestaient contre la fermeture de leurs magasins pour non paiement des taxes communaux. Depuis le 22 février, les policiers ont presque disparu de la circulation. Ces derniers ne veulent peut-être pas se faire respecter: chargé de veiller la securité des populations, ils n’étaient eux mêmes pas en sécurité. Par exemple, depuis le début des évènements qui remontent à la fin du mois de décembre aucun élément des Services de Sécurité Universitaire n’a été vu sur le campus.

Dans la journée du jeudi 28 avril la police municipale et des éléments de la police nationale sont également entrée dans la danse sans que nous n’ayons pu vérifier ces informations. La mutinerie s’est étendue à d’autres villes comme Dédougou, Bobo Dioulasso, de Fada N’Gourma. Si la police nationale et la CRS sont payés par l’Etat, ce n’est pas le cas de la police Municipal placée sous le couvert de la mairie de Ouagadougou. Leur traitement n’est pas le même que celui des autres policiers.

Dans la matinée, des gendarmes ont tenté de rencontrer les policiers au commissariat central de Ouagadougou. Mais ils ont été oppossé à un veto des mutins.

Pour résoudre le problème des militaires, le président de la république s’est adjugé le poste de ministre de la défense. Avec ces nouvelles manifestations va-t-il s’occuper du ministère de la sécurité ? Nous ne pensons pas. La crainte pendant cette journée était de voir une confrontation entre militaires et policiers comme cela est déjà arrivé en 2007. Cette manifestation policière n’a presque pas inquiété les civils qui circulaient comme si rien ne se passait. Les policiers s’étaient retranchés dans la cour du commissariat centrale. Jusqu’en fin de soirée, les tirs continuaient de façon sporadique. Les policiers contrairement aux militaires ont été plus sages en ne saccageant pas les biens privés. Après la mutinérie des militaires et des policiers, les sapeurs pompiers, la garde de la sécurité pénintenciaire, la douane et la gendarmérie pourraient-ils entrer dans la danse? C’est la question que l’on se pose actuellement à Ouagadougou. Aux autorités d’anticpier en rencontrant tous les corps militaires et paramilitaires même si cela avait été dejà fait il y a quelques semaines.

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