Témoignage de Rihanata Ouédraogo, sérépositive

28 mars 2011

Témoignage de Rihanata Ouédraogo, sérépositive

La majorité des séropositifs vivent en Afrique. Malgré les discriminations dont sont victimes certaines personnes vivant avec le virus du VIH nombreux sont ceux qui se sont engagés dans la lutte contre le SIDA. Rihanata Ouédraogo, séropositive en fait partie. Cette dame âgée d’environs 45 ans  et qui  n’a pas eu la chance d’aller à l’école témoigne.

Je m’appelle Rihanata Ouédraogo et je réside au quartier Saint Léon de Ouagadougou.  Je suis une mère de cinq enfants. Je vis avec le virus du VIH/SIDA depuis cinq ans environs. Comment ais-je pu contracter cette maladie ?

Pour parler de cela, il faut que je remonte à la mort de mon mari. Il avait été malade pendant un long temps. Toutes les tentatives pour le soigner avaient échoué. Il décéda. Juste après la mort de mon mari, je suis tombée malade. Mon entourage et mes enfants croyaient que cela était dû au choc que j’avais subit après sa mort. Je reconnais bien que le décès de mon mari m’a beaucoup affecté. Mais il y’avait autre chose je ne savais pas. Après plusieurs semaines passées au lit, je me suis rendu à l’hôpital pour des examens. Les infirmiers m’avouèrent qu’ils avaient rien trouvé d’anormal.

Un jour, je suivais la télé avec l’un de mes enfants, j’ai entendu parler de l’Association des femmes Africaines Face au Sida (AFAFSI) une structure qui apporte appui et conseils aux personnes séropositives.  Comme j’avais des doutes sur ce dont je souffrais, j’ai préféré m’y rendre pour avoir le cœur net. Mes enfants m’y emmenèrent. Après des échanges avec les responsables du centre, on décida de faire le test de dépistage.  Je me rappelle qu’à l’époque, lorsqu’on apprenait qu’une personne était infectée par le virus, c’était grave ! Les gens avaient vraiment peur. C’était la maladie de la honte parce qu’on disait que seuls ceux qui pratiquaient le vagabondage sexuelle étaient contaminés. Pour cela, on était mal vu dans la société. Je me pris mon courage a deux mains je me soumis au test.

Une semaine plus tard, accompagnée de mes enfants, je suis allée au siège de l’association pour prendre connaissance des résultats.  Mes enfants ont été priés de quitter la salle, c’était  confidentiel. La première question que l’on m’a posée était de savoir ce que je ferai si le résultat était positif. Je leur ai répondu que je me suiciderai parce que cette maladie était celle de la honte. Si ma famille et aussi ma belle-famille apprenaient cela, ce ne sera pas  bon pour mon image de femme respectée dans mon quartier. La solution pour moi, c’était le suicide.

Effectivement, le résultat du test était positif. J’ai cru que j’allais mourir. Mais grâce aux conseils des agents, je ne me suis pas suicidée. Ils m’ont fait comprendre que j’avais une chance de vivre plus longtemps. Il me suffisait de prendre les antirétroviraux. Ils m’ont aussi demandé de penser à mes enfants qui avaient déjà perdu leur père. Effectivement, en imaginant qu’en mourant, mes enfants pourraient rester dans la tristesse et la désolation, je me suis fait une raison. J’ai accepté de supporter ma sérépositivité.

Voilà bientôt six  ans que je suis séropositive. Je n’ai pas hésité à déclarer mon statut à mes enfants qui sont de grands garçons.  Ce sont mes principaux soutiens. Depuis qu’ils savent que je séropositive, ils sont devenus encore plus proche de moi et plus attentionnés. En voyant tout cela, j’ai même eu honte d’avoir pensé au suicide.

De façon discrète, j’essaie de convaincre d’autres personnes de se faire dépister. Depuis que je prends les antirétroviraux, je n’ai jamais eu mal à la tête, ni au ventre.

Pour moi le Sida existe aujourd’hui à cause du vagabondage sexuel, la dégradation des mœurs.  Je sais qu’on peut le contracter par d’autres voies. Mon plus grand souhait est que les jeunes amoureux s’abstiennent jusqu’au mariage. C’était le cas à notre époque. Mais sachant que beaucoup de jeunes n’arrivent pas à le faire, je leur conseil d’utiliser le préservatif.

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