L’histoire du rap burkinabè
Le mouvement hip hop a fait son entrée au Burkina Faso dans les années 1990. Avant, les amateurs du rap burkinabè écoutaient le Positive Black Soul du Sénégal, MAM de la Côte d’Ivoire. Pendant longtemps, les jeunes rappeurs faisaient entendre leur flow sur les antennes des radios ouagalaises. Mister P serait l’un des premiers animateurs d’émissions rap au Burkina Faso. Sa maitrise parfaite de l’anglais lui permettait de traduire les messages des rappeurs américains en français. Mais le premier à mettre un album sur le marché est Basic soul avec « Arrêt sur image ». Le titre éponyme de cet album est aussi le titre phare. Un morceau de sensibilisation sur le Sida. Ses textes poétiques et ses refrains généralement inspirés des rythmes du terroir ont assuré le succès de l’artiste.
Basic Soul- ça va aller
Il fut aussi le premier à réaliser des featurings avec des artistes traditionnels alors que cela semblait impossible à son époque. Le succès de Basic Soul n’était pas garanti à cause de l’hostilité envers le rap, considéré comme une musique de voyou. A la suite de Basic Soul, des compiles pour booster le mouvement commencent à voir le jour avec Chronik Noir. Ce projet regroupait des rappeurs qui n’avaient pas encore d’album sur le marché. Certaines figures de proues du rap burkinabè tels que Wenten Clan se sont révélées grâce à ce projet.
Mais, il a fallu attendre l’arrivée de celui qui est considéré aujourd’hui comme le pape du rap burkinabè pour voir le printemps de ce mouvement. Avec son studio Abazon, Serge Bambara alias Smockey réalise un compile La part des ténèbres. A travers ce concept il donne ainsi une chance à de nombreux jeunes rappeurs qui n’avaient pas l’opportunité et les moyens financiers de rentrer en studio de réaliser leur premier titre. Wed Hyack, Yeleen, Faso Kombat (les enfants du Faso) 2Kas sont des révélations du studio Abazon. Smockey met sur le marché son propre disque Épitaphe en 2001. Cet album connait un grand succès grâce à ses textes bien écrits et sa musique inspirée du terroir.
Smockey- A qui profite le crime
Le titre « Yaaba » est même apprécié par « la vieille génération » (opposée au départ à ce genre musical dont les textes sont considérés incompréhensibles). Grâce à Abazon, Chronik Noir et d’autres studios, des groupes tels que Les diplomates, Les Black Marabouts, La Censure, les Sofas, Yeleen, Faso Kombat, Clepto Gang, OBC, Pirratack sortent leur premier album.
La censure-Virée des Lascars
Black Marabouts- A qui la faute?
C’est le printemps du rap et de la musique burkinabè. Des groupes se forment dans des quartiers, les concours se multiplient. Le festival Waga Hip Hop est crée pour accompagner le mouvement. Aujourd’hui, ce festival permet aux rappeurs africains de se retrouver dans la capitale burkinabè à travers des concerts, des ateliers de formations en écriture, des concours etc. Toutes ces initiatives ont fait dire au Professeur Lu, ancien chroniqueur rap pour le journal Planète Jeune que Ouagadougou est la capitale du rap africain.
Faso Kombat (les enfants de la patrie)- Martyr
En décembre 2003, Madson junior âgé de seulement sept ans sort son premier album sous la coupe du groupe Yeleen et de Smockey. La voix de Madson Junior traverse les frontières du Burkina. Il reçoit en 2004, le Kora de l’espoir africain en Afrique du Sud.
Les rappeurs burkinabè seront divisés entre deux genres musicaux que sont le rap hardcore et le rap d’inspiration traditionnelle. Dans ce débat de « rap pur » ou de « vrai rap », la raison reviendra aux partisans de l’Afro rap. Il n y a pas de rivalité réelle entre les groupes de rap au Burkina Faso mais les mélomanes se retrouvent plus dans des rythmes inspirés du terroir, comme l’ont compris les groupes Faso Kombat et Yeleen, fervents défenseurs de ce style. Ils sont aussi les deux meilleures formations du moment et les plus écoutés. Ce sont également les deux groupes qui voyagent le plus. Aujourd’hui, le flambeau de l’Afro rap est tenu par des groupes tels que Duni Yam, K-djoba et Playerz.
Players-Afrikaye
Ces formations connaissent le même succès que leurs devanciers et bénéficient surtout de leur soutien. Le maitre incontestable du rap au Burkina Faso est Smockey à l’aise dans tous les styles et résolument engagé à travers ses textes profonds et provoquant. Smockey célèbre cette année 2011, les dix ans de sa carrière musicale. Il a sortie en 2009, le compile La part des ténèbres 2.
D’autres rappeurs bien qu’ayant du mal à s’imposer sur la scène musicale sont très respectés dans le milieu, parmi ces derniers, Basta Genga. Cet artiste de l’underground a réalisé de nombreux featurings. Il est considéré comme l’un des meilleurs rappeurs du Burkina.
Wed Hyack – Humanite Troublee
Le rap est considéré comme l’un des premiers moyens de libres expressions. C’est à travers ce mouvement que l’on a entendu pour la première fois des expressions « assassins » dans la musique au Burkina Faso. « Ouaga c’est pas les Stats » un titre de Smockey (Épitaphe) en est un exemple. Presque tous les artistes rappeurs ont écrits des textes engagés et n’hésitent pas à exprimer cet engagement lors de leurs concerts.
Yeleen- Le chemin de l\’exil
Près de 20 ans après l’éclosion du rap au Burkina, le constat de nos jours, est que d’autres genres musicaux dont le coupé décalé ont contribué à la baisse de l’euphorie d’antan. Néanmoins, les rappeurs ne baissent pas les bras et continuent à mettre sur le marché, des albums de belles factures. Sadu, animateur d’émission rap à la télévision nationale du Burkina Faso essaie de maintenir la flamme du mouvement hip hop à travers l’organisation de concours de rap, de graffiti, de slams etc. essaient de maintenir la flamme de ce mouvement.
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