Virginie Mireille Zerbo, la seule fille cireuse de chaussures à Ouagadougou
Il n’y a pas de sot métier, a-t-on l’habitude de dire. C’est également la conception que s’est faite Virginie Mireille Zerbo. Depuis dix ans. Cette jeune fille qui frôle la trentaine est la seule fille cireuse de chaussures à Ouagadougou.
Une fille cireuse de chaussures. On pourrait ne pas y croire ici à Ouagadougou. Ce métier serait réservé aux hommes. Mireille Virginie Zerbo a forcé les règles de ce jeu. Elle se trouve dans la cour de la Maison du peuple de Ouagadougou dans un espace aménagé pour servir de Maquis. Chaussures entre les mains, elle essaie de les faire briller, assisse dans un coin. Virginie Mireille Zerbo exerce ce métier depuis 2000. Ayant quitté son village natal Tougan pour Ouagadougou dans l’espoir de continuer ses études, elle est confrontée à des problèmes financiers. Ce qui l’empêche de poursuivre ses études en terminale.
Un jour, alors qu’elle était allée réparer ses chaussures chez un cordonnier à côté du Ciné Rialé en plein cœur de Ouagadougou, elle le trouve en dispute avec un client. « Ce dernier se plaignait du fait que ses chaussures n’étaient pas encore cirées alors qu’il les avait remis depuis longtemps », explique Virginie Mireille. Témoin de cette scène, elle propose son aide au cordonnier. « Quand je lui ai demandé si je pouvais apprendre à cirer avec lui pour l’aider plus tard, il était vraiment surpris ». Ses voisins également étaient surpris d’entendre cela de la bouche d’une fille selon les explications de Mlle Zerbo. « Toi jolie fille comme ça tu va venir cirer chaussure ici ?» C’est la question que lui aurait posé le cordonnier. Pour tester sa bonne volonté, celui qui allait plus tard devenir son père spirituel lui demande de revenir le lendemain. Elle se présente donc comme convenu le jour indiqué. Convaincu de sa motivation, le cordonnier lui fournit le matériel nécessaire. Elle travaille pendant deux ans et demi avant de s’installer à son propre compte.
Cirer les chaussures un métier lucratif
Au départ, Virginie Mireille Zerbo avait quelques petites difficultés avec les hommes qui sont dans le métier. Certains d’entre eux se plaignaient du fait qu’elle leur retirait leurs clients avant de la soutenir dans cette initiative. D’autres par contre se sont montrés impolis envers elle. «Il y a des gens qui n’hésitent pas à me dire que cirer les chaussures n’est pas fait pour les femmes et que je devrais plutôt me chercher un mari pour faire des enfants ». Sachant ce qu’elle veut, elle ne se préoccupe guère de ces manques de considération.
Virginie Mireille gagne bien sa vie. Elle paye chaque mois 7500 francs CFA comme frais d’installation. Elle gagnerait environs 1500 francs par jours. Ce qui ferait à peu près 45000 francs par mois. Ce qu’elle gagne lui a permis de s’inscrire dans une école privée de santé. C’est pourquoi, ce n’est qu’à ses heures libres qu’elle s’adonne au cirage des chaussures.
Compte t-elle un jour abandonner ce métier ? « Tant que je ne gagnerai pas mieux, je ne vois pas pourquoi je vais abandonner », répond la jeune demoiselle. Un exemple dont pourraient s’inspirer d’autres jeunes filles dans un contexte de pauvreté. Il n’y a pas de sot métier, il n’a que de sottes pensées.
Message audio [audio:https://lemessagerdafrique.mondoblog.org/files/2010/10/06-Travailler-cest-Trop-Dur-Alpha-Blondy1.mp3|titles=06 – Travailler c’est Trop Dur Alpha Blondy]
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